Quand elle avait environ neuf ans, Annie Lavoie a gagné une médaille pour le « meilleur esprit sportif ». Elle s’est débarrassée de cette médaille puisqu’à l’époque, elle « n’était pas contente ». « Moi, je voulais l’excellence », rapporte-t-elle, et refusait de reconnaître l’importance de l’esprit sportif. Aujourd’hui, c’est tout le contraire : la nouvelle entraîneure-adjointe de l’équipe féminine de baseball de l’Est-du-Québec pour les Jeux du Québec allie l’enseignement de l’intelligence émotionnelle à l’enseignement du sport, pour « prendre soin de l’humain derrière l’athlète ». C’est d’ailleurs cette force qui aurait démarqué sa candidature.
Ce parcours philosophique aurait débuté il y a sept ans, alors qu’Annie Lavoie enseignait le baseball à ses enfants. « Je voulais absolument que les enfants aient du plaisir ». Enseignante de formation, la « prof en elle » s’est rapidement mise à inventer des aspects ludiques à ses entraînements. « Mais quand j’arrivais à l’aspect technique, raconte-t-elle, il y en a qui se butaient à beaucoup de difficultés. » Elle s’est donc interrogée sur la meilleure manière de gérer un enfant qui ne semble pas éprouver de plaisir. Se décrivant comme quelqu’un de « très sensible », elle utilise ce don — qu’elle voyait jadis comme un problème — pour écouter les besoins des athlètes et réagir à leur non-verbal.
« Pas de Savoir-Être Sportif, pas de Jeux du Québec »
L’animatrice et conseillère en pédagogie sportive de Savoir-Être Sportif soutient l’importance de la « programmation du cerveau » – soit le discours intérieur de l’athlète, sa manière de travailler en équipe, ses méthodes d’automotivation –, mais surtout de garder l’amour pour son sport. Cependant, elle admet que les entraîneurs n’ont pas toujours le temps de se pencher là-dessus. Savoir-Être Sportif s’adresserait donc d’abord aux parents-coachs pour les accompagner dans le développement de l’intelligence émotionnelle des enfants.
Du côté des athlètes, Annie Lavoie enseigne la gestion de l’adversité en adaptant son langage au leur. « On peut parler de connaissance de soi, par exemple. Ça peut être vague pour un athlète, mais si je parle d’attitude positive, ça a plus de sens. Je peux parler de la gestion des relations avec les autres, mais en réalité, je vais parler davantage d’esprit d’équipe. » La pédagogue ajoute que durant sa prochaine rencontre avec ses athlètes, elles travailleront sur l’indulgence. « As-tu réussi à travailler sur toi? Qu’est-ce que tu t’es dit à l’intérieur de toi quand tu as raté ça? Comment ça t’a aidé, ce que tu t’es dit? »
Selon la nouvelle entraîneure-adjointe, le jumelage de l’enseignement technique à l’enseignement de l’intelligence émotionnelle dans le sport donnerait lieu à des équipes bien balancées. Il s’agit là d’un élément essentiel à sa participation à l’entraînement de cette équipe de baseball. Mais Annie Lavoie prend également le temps de souligner que cette attitude est « bonne partout dans la vie », et elle la porte maintenant avec fierté. « Il y a quelques années, dans notre équipe de coachs, on s’est chacun remis une médaille avec un mot. Moi, on m’a donné la médaille “attentionnée.” Et cette médaille-là, je ne m’en débarrasserai jamais. »