Le jour où la noisette deviendra le fruit emblématique du Bas-Saint-Laurent n’est peut-être pas si loin. Déjà bien entamé, un projet de recherche mené par Biopterre et soutenu par les Saveurs du Bas-Saint-Laurent cherche actuellement à identifier les meilleurs cultivars qui permettront de jeter les bases d’une filière qui s’étendrait du Kamouraska à la Matapédia.
Aimée des humains et de nombreux rongeurs, la noisette à l’état sauvage est pourtant bien présente au Bas-Saint-Laurent. Mais celles qui sont dans la mire de Biopterre, ce sont les variétés qui offrent une grande productivité et dont les débouchés commerciaux font déjà saliver.
Cette fièvre de la noisette, Radio-Canada en faisait état en 2017 dans le sud-ouest de l’Ontario. Selon les chiffres rapportés par la société d’État à l’époque, la rentabilité d’une acre de noisetiers oscillerait entre 1500 à 2000 $, contre 500 $ pour une acre de maïs. En plus, comme la demande est au rendez-vous – l’entreprise Ferrero qui fabrique le Nutella y a une usine de production – et que le climat est favorable à sa culture, la noisette a donc trouvé un terreau fertile chez nos voisins ontariens.
Projet de recherche
Au Bas-Saint-Laurent, on est encore loin de la coupe aux lèvres, mais Maxim Tardif, codirecteur au département des produits forestiers non ligneux et de l’agroforesterie chez Biopterre, croit que la noisette a un bel avenir, ce pour quoi les MRC ainsi que des producteurs de la région et des intervenants en développement économique ont décidé de valider son potentiel dans le cadre d’un projet de recherche s’échelonnant sur 10 ans.
« Notre objectif est d’en venir à déterminer les meilleurs cultivars dans notre région pour entamer une production qui serait en mesure d’alimenter de façon intéressante une filière à l’échelle bas-laurentienne », explique-t-il.
Ainsi, 22 vergers sont actuellement en expérimentation dans tout le Bas-Saint-Laurent, dont trois au Kamouraska à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, La Pocatière et Saint-Alexandre. Et au terme de cette deuxième année de recherche, les résultats seraient plutôt encourageants selon Maxim Tardif. « Jusqu’à maintenant, on a environ 5 % de perte dans nos vergers, ce qui est très peu. Mais ça, ce n’est que la première étape. Ce qu’il faut savoir maintenant, c’est si les arbres vont produire. Parce qu’un arbre a beau survivre à l’hiver, rien ne garantit qu’il sera nécessairement productif par la suite », ajoute-t-il. Les premières réponses pourraient arriver aussi rapidement que dans quatre ans.
Filière
En parallèle, Biopterre et ses partenaires travailleront à un plan de développement de cette industrie (filière) à l’échelle régionale. L’objectif souhaité est d’être prêt à rendre le produit disponible sur les marchés advenant des résultats concluants aux recherches qui sont actuellement en cours. « On parle ici de tout un travail de commercialisation, de développement de produit, de mise en marché et de conditionnement à réfléchir », énumère Maxim Tardif.
Une aide financière en ce sens a été confirmée à Biopterre le 15 novembre dernier. S’élevant à 255 075 $, ce montant provient du Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR). De l’avis de Maxim Tardif, cette somme permettra de bien continuer le travail déjà entamé en lien avec ce projet de recherche.