Le beurre du Kamouraska, sa renommée

L’industrie laitière a profondément marqué l’histoire rurale du Kamouraska. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle connaît une croissance importante. Mais auparavant, le beurre fermier de Kamouraska avait une grande réputation.

Yves Hébert

L’historien Jacques Saint-Pierre a découvert que le beurre de Kamouraska gagne en renommée dès le début des années 1800. L’appellation « » beurre de Kamouraska » », dit-il, est un signe de la qualité du produit qui est d’ailleurs exporté en Angleterre au XIXe siècle. Dans l’un de ses écrits, le médecin Pierre de Sales en 1830 affirme que le beurre du Bas-Canada est plutôt fade sauf celui de Kamouraska. Pour maintenir cette qualité, il fallait des méthodes de conservation efficace. Pour ne pas qu’ils prennent « le goût de tinette », raconte l’historien, les fermières lavaient les contenants avec de l’eau bouillante mélangée à des tiges de framboisiers. À l’époque, les barils de beurre de Kamouraska contenaient de la saumure qui maintenait le beurre à l’abri de l’air. Mais vers 1880, il perdra sa réputation comme produit unique du terroir pour des raisons frauduleuses.

Dans leurs études sur le Bas-Canada, Joseph Bouchette (1815) et Stanislas Drapeau (1863) remarquent que le beurre de Kamouraska amené par goélettes à Québec est fort apprécié. Le marchand de Québec, James Gibb Ross (1819-1888), est l’un de ceux qui s’approvisionnent en beurre de la région pour le revendre. Certains observateurs racontent que la plus grande partie du beurre consommée à Québec vient de Kamouraska.

Avec les années, la production artisanale du beurre est supplantée par la production industrielle. Ainsi, plusieurs beurreries voient le jour dans tout le Québec et la région. Jean-Charles Chapais et Joseph-Édouard Barnard, à Saint-Denis-de-Kamouraska, souhaitent d’ailleurs améliorer le sort des beurriers et des fromagers de la région en fondant une école de beurrerie en 1881. Mais cette école ne survit pas longtemps. Une autre école est aussi ouverte à Montmagny entre 1887 et 1889, mais ne dure pas.

Pour en savoir plus : Jacques Saint-Pierre, La Côte-du-Sud, Québec, Les Éditions de l’IQRC, 2000.