Le campus de l’ITAQ de La Pocatière se développe, mais demeure fidèle à sa tradition

Photo : ITAQ

Les mots agriculture et formation, ainsi que la région de La Pocatière, vont de pair depuis plus de 160 ans. À travers toutes ces années, cette institution d’enseignement a changé de nom à quelques reprises, mais un grand changement est survenu le 1er juillet 2021 lorsque l’ITAQ (Institut de technologie agroalimentaire du Québec) a été créé. Pour la première fois depuis des décennies, elle ne relève plus directement du MAPAQ, mais elle est autonome dans son développement à ses deux campus : La Pocatière et Saint-Hyacinthe.

Beaucoup d’attentes sont attribuées à cette maison d’enseignement, puisque plusieurs enjeux climatiques — ouragan, sècheresse, résistance des herbicides, nouveaux insectes, etc. — associés au mode de production intensif sont d’actualités. Ce mode de production, sans se soucier de la ressource « terre », commence à voir les rendements plafonner et provoque un impact sur le réchauffement de la planète — gaz à effet de serre, CO2. De plus, les consommateurs observent les méthodes culturales utilisées par les agriculteurs et orientent leurs achats en fonction de leur conscience environnementale.

Au campus de La Pocatière, ce n’est pas d’hier que les enseignants ont la conscience de préserver les ressources de la terre, l’air et l’eau. En 1988, lorsque le MAPAQ a reconnu l’agriculture biologique comme un mode de production à part entière, il en a établi son lieu physique à La Pocatière par l’entremise du Centre d’agriculture biologique du Québec (CABQ) dans les bâtiments du campus. C’est ainsi que les recherches dans ce domaine ont débuté au Québec. Les volets formation, développement et transfert technologique en étaient sa mission. Plusieurs jeunes professeurs de l’ITAQ étaient directement impliqués à ce moment et ont influencé les notions enseignées aux étudiants. Par contre, par manque de moyen financier, le CABQ a cessé ses opérations en 2004.

Par la suite, il y a eu la création de Biopterre en 2007, qui est un centre collégial de transfert de technologie qui a des projets, entre autres, sur la valorisation des matières organiques et du compostage. Plusieurs essais ont été faits sur la litière compostée à l’unité laitière biologique près de l’autoroute 20.

En 2012, il y a eu la construction de l’unité laitière biologique. Celle-ci abrite des vaches de races Jersey et Canadienne, et vient compléter les différentes races de vaches laitières que l’on retrouve sur la Ferme-école LAPOKITA. Les races Holstein, Ayshire et Suisse brune se retrouvent dans l’étable conventionnelle. Cette serre-étable, très confortable pour les animaux, respecte les plus hauts standards de bien-être animal avec une stabulation libre sans logette, salon de traite et les accès au pâturage durant l’été.

Pour ce qui est des opérations culturales effectuées aux champs, plusieurs techniques qui étaient déjà pratiquées au début des années 2000 se poursuivent et se raffinent avec les années. Ces opérations sont autant réalisées sur les terres certifiées biologiques que sur celles qui ne le sont pas. Nous retrouvons bien sûr différentes variétés de plantes fourrages — résistantes et moins résistantes aux sécheresses —, les céréales, le maïs fourrager, le soya, le tournesol biologique. Ces espèces sont ensemencées par semi-conventionnel ou direct. Dans ces cultures, il y a différents essais avec des plantes intercalaires, plantes abris, etc.

Tout ceci ne serait pas complet si nous n’utilisions pas différents équipements pour contrôler les mauvaises herbes : sarcleurs — cinq différents —, et sur les types de pneus appropriés pour contrôler la compaction des sols. Dans les rotations de cultures, les plantes de couverture sont utilisées parfois avec différentes espèces en même temps, ceci pour voir les impacts sur la conservation et la régénération des sols. Tous les étudiants — sans exception — du programme Gestion et technologie d’entreprise agricole (GTEA) participent ou voient les effets de ces pratiques culturales. Environ 35 hectares de terre sont implantés par les étudiants eux-mêmes. Il faut savoir aussi qu’à l’intérieur de quelques kilomètres tous les types de sols que l’on retrouve au Québec sont ici représentés à La Pocatière, en passant par l’argile lourde, les loams et les terres de sable.

Au cours des vingt dernières années, les producteurs qui adoptaient le mode de production biologique étaient jugés par ceux qui pratiquaient le mode conventionnel. Aujourd’hui, nous pouvons dire merci à ces pionniers qui par leurs observations, leurs essais et erreurs, ont su influencer de façon positive la façon de produire autant au niveau des cultures que des productions animales.

Depuis 2017, nous offrons à nos étudiants de se former en mode biologique — laitier, autres ruminants et avicole/porcin — et conventionnel régénératif – laitier, autres ruminants, avicole/porcin et maraîcher/fruitier. Nous voulons former des étudiants qui savent comment cultiver et faire l’élevage des animaux en respectant le bien-être animal et la biosécurité à la ferme. Nous voulons aussi qu’ils soient de bons observateurs pour s’assurer de préserver la santé des sols, de l’air et de l’eau tout en s’ajustant aux différents aléas climatiques.

À moyen terme, l’ITAQ investira d’importantes sommes d’argent dans ses infrastructures pour que les étudiants puissent bénéficier des avancées technologiques des dernières années. Il faut prévoir de nouvelles installations à l’étable laitière conventionnelle et de nouveaux abris pour les secteurs des bovins de boucherie, porcin et ovin. Vous voulez participer au développement de l’agriculture de demain et avoir votre propre entreprise agricole ? Le programme GTEA, du campus La Pocatière est prêt à vous accueillir.

Yves Paré, Montmagny, professeur en gestion et chef de l’équipe programme GTEA au campus de La Pocatière de l’ITAQ