Le Cégep de La Pocatière n’est pas en mesure d’évaluer si le resserrement des critères de sélection au Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a eu un impact réel sur le nombre d’étudiants étrangers inscrits en ses murs. Les assouplissements annoncés récemment sont toutefois vus d’un bon œil.
Rappelons que le PEQ a subi des modifications importantes en 2020 par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec. Essentiellement, un étudiant étranger diplômé du Québec doit désormais cumuler une expérience de travail de 12 à 18 mois, selon sa formation initiale, avant de postuler au programme.
La mise en place de cet ajustement a, à l’époque, causé tout un émoi dans le réseau des cégeps et des universités.
Plusieurs de ces établissements, notamment les cégeps de l’Est-du-Québec, accueillent un nombre important d’étudiants étrangers, souvent perçus comme des candidats potentiels à l’immigration permanente, ce que le PEQ avait d’ordinaire pour but de faciliter.
Or, il s’avère que depuis la mise en place des nouveaux critères dans la catégorie des diplômés, les admissions au PEQ ont diminué considérablement, passant de 8068 en 2021 à 1958 en 2022, selon des données rapportées par La Presse.
Ces modifications ont été si mal perçues que des commentaires Facebook, provenant de groupes privés et rédigés par des candidats potentiels à l’immigration, et qui ont été rapportés dans ce même article du 30 mai dernier, conseillaient carrément « d’éviter le Québec », perçu comme étant « trop compliqué » pour y immigrer.
Au Cégep de La Pocatière, la directrice générale Marie-Claude Deschênes n’est toutefois pas en mesure de faire un lien de cause à effet entre les resserrements apportés au PEQ et le nombre d’étudiants étrangers évoluant dans ses murs.
Depuis 2020, leur nombre a dans les faits augmenté progressivement, passant de 57 à 97, une variation attribuable à l’amélioration constante de la situation sanitaire.
Quant à la rétention en sol québécois de ces étudiants étrangers, une fois leur diplôme obtenu, le Cégep de La Pocatière ne peut une fois de plus s’avancer. « L’application au PEQ arrive après la diplomation dans nos établissements. Rendu là, on perd souvent le fil avec nos anciens », rappelle la directrice générale.
Modifications bienvenues
Les nouvelles modifications que le gouvernement entend maintenant apporter sont néanmoins bienvenues. Elles élimineraient notamment l’obligation de l’expérience de travail, et l’accès au PEQ serait accéléré pour les étudiants issus d’établissements d’enseignement francophones répondant aux critères.
« Les étudiants étrangers qui s’engagent dans un processus d’étude chez nous, ils veulent savoir ce qui les attend une fois qu’ils seront diplômés. Plus le processus est hasardeux, et plus il y a de changements, c’est sûr que nos établissements deviennent en quelque sorte moins intéressants pour eux. Plus c’est simple, mieux c’est », a indiqué Marie-Claude Deschênes, directrice générale du Cégep de La Pocatière.
La préoccupation de l’établissement est plutôt du côté des permis d’études, où il a été démontré que les étudiants en provenance de l’étranger, particulièrement ceux de l’Afrique francophone — 72 % selon l’Institut du Québec —, étaient refusés par le gouvernement fédéral.
« On ne perd pas juste des dizaines, mais des centaines d’étudiants qui pourraient venir étudier chez nous. Le PEQ peut créer de la fumée, de l’incertitude, mais notre véritable enjeu, c’est plus les permis d’études », conclut Marie-Claude Deschênes.