Le diocèse de Sainte-Anne sur le point de revoir ses méthodes de financement

Argent canadien. Photo : Victor Ballesteros (Unsplash.com)

Une petite révolution attend le diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Confronté à des besoins financiers qui ne vont pas en diminuant, un plan de financement ambitieux s’apprête à être déployé, apportant avec lui de nouvelles approches, une nouvelle philosophie et des moyens de collecte actualisés.

Jean-François Morin, responsable des communications et du financement pour le Diocèse, est un des trois artisans derrière ce nouveau plan présenté le 1er septembre dernier. Celui-ci prend racine, entre autres, dans un besoin récurrent de 1 M$ en salaires pour les agents de pastorale, somme assumée entièrement par le diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et ses fabriques.

« Les aides gouvernementales ont été d’un bon soutien durant la COVID, mais là elles sont terminées, et il faut redémarrer la machine », a-t-il déclaré.

S’inspirant de modèles de financement mis en place dans d’autres églises catholiques états-uniennes ou des provinces atlantiques, l’approche proposée par le Diocèse suggère de revoir le rapport des fidèles et des membres du clergé vis-à-vis l’argent, un sujet tabou au sein de l’Église catholique.

Au lieu d’attendre sagement les dons, le plan de financement propose une approche proactive de sollicitation inspirée de ce qui se voit déjà dans le monde philanthropique.

« Si on ne demande pas, on ne recevra pas. Il est rare que les collectes de fonds populaires n’atteignent pas leurs objectifs financiers », poursuit Jean-François Morin.

Le Diocèse propose, pour y parvenir, de s’appuyer sur deux « cordes sensibles » dûment identifiées : l’héritage et la mission. La première fait appel à l’identité, à l’histoire de la paroisse et aux valeurs liées à l’Église.

Elle rejoint souvent les catholiques dits non-pratiquants. La mission interpelle surtout les fidèles portés par le message de Jésus-Christ et désireux de propager l’Évangile.

« On ne s’adresse pas aux gens de la même façon, tout dépendant ce que l’Église leur inspire », précise le responsable des communications et du financement.

De nouveaux moyens

Les moyens proposés ont aussi été revus. En 2023, il n’y a plus que 17 % des catholiques d’une paroisse qui contribuent à la capitation. Lors des messes, comme il y a beaucoup moins de gens que par le passé, les quêtes sont moins généreuses et, lorsque des gens moins habitués à fréquenter l’église participent à des célébrations comme des funérailles, l’absence d’argent comptant ne permet pas d’optimiser les collectes.

Dons en ligne ou par le biais de codes QR, prélèvements autorisés, ou encore dons successoraux comme le produit d’une assurance-vie, une somme forfaitaire, des biens meubles, ou encore des montants investis dans des produits financiers sont autant de suggestions émises dans le plan de financement.

La prochaine étape vise à trouver des ministres de la collecte, des personnes bénévoles au profil décomplexé et désireux d’approcher de possibles grands donateurs, au même titre que des ambassadeurs lors de campagnes de financement populaires.

« Mais pour ça, il faut que nos événements, nos rassemblements goûtent bon. Pour ça, il faut apprendre à en parler positivement, à en témoigner par le biais de nos représentants sur le terrain. Les gens ne voudront pas donner s’ils ne sont pas emballés par notre proposition. »

Gros mandat

Les 54 assemblées de fabriques du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière ont toutes été mises au parfum du nouveau plan de financement. Jean-François Morin reconnaît qu’il n’a pas entendu de « wow », mais que tous ont été attentifs.

« On est conscient que c’est un gros mandat qui amène un changement de culture important. On fait appel à des bénévoles, et l’objectif n’est pas de mettre de la pression. C’est pourquoi on se donne le temps qu’il faut pour mettre ces orientations en place. »