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Placotons : Une situation économique difficile pour tout le monde

Contenu d’un dépannage alimentaire d’urgence chez Moisson Kamouraska. Photo : Maxime Paradis

Dans les plus récentes données concernant les banques alimentaires, j’ai été stupéfait d’apprendre qu’un Québécois sur dix a eu besoin d’aide pour se nourrir, ou pour tout simplement nourrir sa famille adéquatement en 2023. Cela représente une augmentation de 30 % par rapport à 2022, et de 73 % par rapport à 2019. 

Localement, selon les données de Moisson Kamouraska, les besoins en aide alimentaire ont progressé de près de 40 % dans la région depuis 2019, de sorte que même les ressources financières et alimentaires de l’organisme — qui dessert les MRC de Montmagny, L’Islet, Kamouraska, Rivière-du-Loup, Témiscouata et Les Basques — commencent désormais à manquer. Pire, on est au point où l’on craint même un bris de service. 

Plus précisément, en 2022, 6796 personnes ont été rejointes par les différents services offerts par la banque alimentaire locale, ou par l’entremise de ses organismes accrédités. Au 31 mars 2023, ce chiffre s’établissait à 7644, soit près de 900 personnes de plus que l’année précédente.

Cette situation qui touche l’ensemble des Canadiens et des Québécois inquiète par ailleurs le député conservateur de la circonscription fédérale de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup Bernard Généreux, qui attribue cette malheureuse situation aux politiques du gouvernement libéral mises en place depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau en 2015. 

Selon M. Généreux, « les déficits inflationnistes de Trudeau ont fait doubler les paiements d’intérêts, atteignant 48 G$ par an. Même le président de la Banque du Canada a récemment souligné que les dépenses incontrôlées du gouvernement libéral contribuaient à augmenter les taux d’intérêt et l’inflation ». 

Le plus étrange dans cette situation, c’est que le taux de chômage au Québec, selon les dernières données rapportées par Statistique Canada et datant du mois d’août dernier, se situait à 4,3 %, soit le plein emploi. Le problème ici n’est donc pas en lien avec le manque de job, puisqu’il y a actuellement une pénurie de main-d’œuvre, mais avec le fait qu’on vit collectivement une période inflationniste où tout est de plus en plus dispendieux. 

Le prix du litre d’essence oscille davantage plus près de 2 $ que de 1 $, les taux hypothécaires ont fortement monté pour plusieurs propriétaires de maison ou d’immeuble à logements, les denrées alimentaires ont à bien des égards connu une hausse fulgurante, sans compter que se procurer un toit est désormais un luxe au Québec et au Canada. Pourtant, nous sommes bien au Canada, un pays du G7 qui, disait-on dans un passé pas si lointain, faisait l’envie de tous. 

À cet effet — toujours selon Statistique Canada —, depuis septembre 2019, la margarine a grimpé de plus de 65 %, les pâtes alimentaires de 54 %, le jus de fruits de 38 %, le beurre de 36 %, le poulet de 27 %, le tout pour un total de 24 % d’augmentation pour une simple facture d’épicerie. Imaginez une famille qui, en 2019, payait chaque semaine en moyenne une facture d’épicerie de 250 $, pour un total de 13 000 $ par année, elle doit en 2023 verser 3120 $ de plus annuellement pour se procurer les mêmes denrées, et ce, sans compter la facture d’essence qui est également plus élevée d’au moins 50 %.  

À titre d’exemple, si vous dépensiez 50 $ par semaine en 2019 pour votre essence, totalisant 2600 $ par année — un montant très conservateur —, désormais, en 2023, vous devez débourser 3900 $. Un simple calcul primaire démontre que la famille en question doit dorénavant payer 4420 $ de plus chaque année, ce qui ne comprend pas l’augmentation du taux hypothécaire pour plusieurs. 

Appauvrissement collectif

L’appauvrissement collectif se poursuit ainsi à grande vitesse sur plusieurs fronts, alors que la population québécoise est la plus taxée en Amérique du Nord, avec en plus davantage de bris des services octroyés par les divers paliers de gouvernement (passeport, SAQ, soins de santé, etc.), alors qu’on compte des milliers de fonctionnaires de plus. 

Par ailleurs, puisque les familles ont désormais une plus petite marge de manœuvre dans leur budget, du moins pour celles qui en possèdent encore une, celles-ci n’ont pas d’autre choix que de couper dans les loisirs. Le résultat, moins de sorties au restaurant ou ailleurs, moins d’activités pour leurs enfants, annulation d’inscription au hockey ou dans d’autres activités hors école ou parascolaires, etc., ce qui se solde finalement par un ralentissement marqué de l’économie et la faillite de nombreuses PME. 

Qui plus est, le stress relié aux difficultés financières affecte l’entièreté de la famille étant maintenant aux prises avec ce type de problématique. Il ne faut pas se surprendre que le nombre de jeunes de 17 ans et moins à qui l’on prescrit des médicaments anxiolytiques ait continué d’augmenter en 2022. En effet, on en compte désormais près de 8200, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. On parle même ici d’une véritable pandémie d’anxiété et de détresse chez les jeunes, mais également chez les parents, bien que le facteur économique ne soit pas la seule cause d’anxiété au Québec. 

Dans le cas des négociations avec les divers syndicats représentant le secteur public, il n’est pas ici surprenant que l’offre du gouvernement de 10,3 % d’augmentation salariale sur cinq ans, en plus d’un montant forfaitaire de 1000 $, soit refusée, surtout lorsque le gouvernement caquiste octroie une hausse de 30 % du salaire et des dépenses aux députés, alors que ceux-ci étaient déjà très bien rémunérés.

Les derniers sondages le confirment d’ailleurs, puisque le taux de satisfaction envers la CAQ est désormais à 40 %, soit une baisse de 13 % depuis le mois de juin dernier. La formation de François Legault est aussi à 30 % dans les intentions de vote au Québec, donc en zone minoritaire si des élections avaient lieu aujourd’hui. 

Quant au Parti libéral de Justin Trudeau, il se situe présentement à 27 % des intentions de vote, loin derrière le Parti conservateur du Canada, qui lui récolte 41 % d’appuis.

À la lumière de ces chiffres, nous sommes visiblement plusieurs à s’attendre à beaucoup mieux de la part de ceux qui prétendent nous représenter.