Le Québec et le monde à l’heure du « changement de normes »

Photo : Martin Sanchez (Unsplash.com).

La situation est loin de le réjouir, mais elle a tout de moins le mérite d’être intéressante à observer avec l’œil du sociologue qu’il est. Pour Simon C. Bouchard, enseignant de sociologie au Cégep de La Pocatière, le Québec et le monde sont actuellement à l’heure du « changement de normes » en ces temps de coronavirus. Et il est encore difficile d’expliquer tout ce que cela entraîne d’un point de vue sociologique.

Simon C. Bouchard s’est bien gardé d’expliquer le comportement des gens qui ont accouru dans les magasins pour acheter du papier de toilette à la tonne. Il a tout de même reconnu que l’ensemble de l’œuvre avait quelque chose de fascinant.

« De nouvelles balises sociales sont en train de s’instituer et quand les normes auxquelles ont toujours été habituées changent, il y a une nouvelle forme de contrôle qui s’instaure. Les gens seront donc plus nombreux à réagir fortement à ceux qui y contreviennent », explique-t-il.

Ainsi il explique cette impression de chasse aux sorcières qui se vit à l’heure actuelle au sein de la population, face à ceux qui ne respectent pas les directives gouvernementales en cette période de pandémie. « Je ne crois pas que les gens dévient tant que ça de ces directives. On a plutôt tendance à les remarquer davantage », avoue l’enseignant.

Par contre, il saisit moins bien pourquoi ces gens ne veulent pas se conformer. « Chaque système a ses marginaux », philosophe-t-il. Ce pour quoi il admire beaucoup la stratégie du gouvernement Legault qui a fait appel à des influenceurs et des artistes pour relayer le message auprès d’eux.

« Il y a toujours des gens qui vont résister à toute forme d’autorité. De faire passer le message par des gens que ces personnes-là seront plus susceptibles d’écouter, sérieusement, c’est brillant », a-t-il déclaré.

Anxiété

Il n’en demeure pas moins que l’anxiété est clairement le sentiment généralisé qui semble émaner de la population à l’heure actuelle. Une anxiété que Simon C. Bouchard qualifie de normale, dans un contexte où nous sommes appelés à nous adapter à un rythme de vie différent, rapidement.

« L’être humain est un animal hautement social et s’isoler autant, ce n’est pas un comportement naturel pour lui. Ce qu’on est en train de vivre, ça va marquer toute une génération de gens pour la vie, un peu comme l’a fait le 11 septembre chez plusieurs d’entre nous », a-t-il résumé.

Simon C. Bouchard estime qu’il est encore trop tôt pour dire si la crise du coronavirus changera nos habitudes de vie à jamais. Il salue tout de même le retour aux « vraies valeurs » que cela provoque.

« On sent que la famille redevient importante et que la recherche de l’argent et du profit devient secondaire. Il y a quelque chose de beau qui découle de ça », conclut-il.