Le chahut qui a suivi le départ de la directrice générale de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) ne semble pas avoir ébranlé la confiance du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation André Lamontagne à l’égard de son « vaisseau amiral ». Régionalement, le député de Côte-du-Sud et le maire de La Pocatière se disent aussi optimistes quant à l’avenir de l’institution d’enseignement, quoique sous certaines conditions.
André Lamontagne a profité de son récent passage dans la région pour rencontrer les administrateurs de l’ITAQ au campus de La Pocatière, le 16 janvier dernier. Le jour même, l’Institut lançait son appel de candidatures en vue de remplacer Aisha Issa à la direction générale de l’établissement, intérim assuré pour le moment par Karine Mercier. « Mon seul souhait, c’est que la meilleure équipe possible soit aux commandes de l’ITAQ pour rencontrer les défis d’aujourd’hui et de demain. Avec les gens qui sont actuellement en place, je ne vois pas comment ces conditions ne pourraient être réunies », a déclaré le ministre.
Parmi ces défis, il y a celui de l’indépendance complète vis-à-vis le MAPAQ. André Lamontagne reconnaît que la « sortie définitive » de l’ITAQ, jadis imbriqué dans l’organigramme du MAPAQ, s’avère plus complexe qu’appréhendé. Au départ, le ministre annonçait une période transitoire d’un an après la constitution officielle de l’institut au 1er juillet 2021. Deux ans et demi plus tard, des employés de l’ITAQ à La Pocatière faisaient remarquer récemment que leurs bulletins de paye provenaient toujours du MAPAQ, comme quoi l’autonomie ne serait pas encore « totale ».
« Je vois le MAPAQ comme une voiture, et l’ITAQ, c’est comme s’il figurait toujours dans son rétroviseur. Il faut regarder vers l’avant », a poursuivi le ministre.
Tourné vers l’avant
Cette formule du regard tourné vers l’avant a aussi été reprise par André Lamontagne lors de sa rencontre avec le maire de La Pocatière, Vincent Bérubé. Ce dernier a tenu à s’assurer qu’il était toujours prévu que le programme de médecine vétérinaire qui a été octroyé à l’Université du Québec à Rimouski soit donné en partie au campus pocatois de l’ITAQ lors de la quatrième et de la cinquième année d’enseignement. « Le ministre veut qu’on regarde vers l’avant, on va le faire, mais j’aurais aimé être rassuré sur ce point », a indiqué le maire.
Vincent Bérubé avoue toutefois avoir confiance dans le conseil d’administration de l’établissement, avec qui les liens semblent plus solides que jamais. Une lettre anonyme envoyée au Placoteux et à La Terre de chez nous, avant le départ de la directrice générale Aisha Issa, laissait entendre que le président de l’ITAQ, Alain Chalifoux, souhaitait fermer certains programmes d’études au campus de La Pocatière pour les rapatrier à Saint-Hyacinthe. L’ITAQ avait mis une semaine avant de démentir ces dires par communiqué, en plus de remercier au passage la directrice générale sortante Aisha Issa.
Depuis, Vincent Bérubé mentionne avoir été rassuré par le conseil d’administration quant à son intention de maintenir les programmes en place au campus de La Pocatière. Le député de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest, est tout aussi optimiste, mais il estime qu’il faut que le milieu sorte du paradigme « l’ITAQ va mourir ». « Il faut prendre soin collectivement de l’ITAQ. Il faut que le milieu amène des solutions, et qu’il participe à son épanouissement », a-t-il dit après avoir rencontré les administrateurs en compagnie de son collègue André Lamontagne.
Pôle bioalimentaire
Ces reproches ne peuvent cependant pas être accolés à la Ville de La Pocatière ni à Développement économique La Pocatière qui travaillent à repositionner le milieu pocatois comme pôle majeur en développement bioalimentaire au Québec. Un document de présentation dévoilé au ministre Lamontagne fait d’ailleurs ressortir le Centre de développement bioalimentaire du Québec et l’ITAQ comme des acteurs majeurs de cet écosystème qu’on souhaite voir s’articuler autour des futures entreprises qui prendront racine dans le nouveau parc bioalimentaire. Or, le maire ne semble toujours pas avoir été rassuré sur la récurrence des budgets gouvernementaux qui doivent assurer la pérennité et le développement de l’ITAQ, dans l’avenir.
En mai dernier, l’établissement d’enseignement confirmait pourtant qu’il entamait une ronde d’investissements de 70 M$ dans ses infrastructures à La Pocatière. Une bonne partie de ceux-ci sont destinés à la Ferme-école Lapokita, dont les infrastructures ont souffert de sous-financement ces dernières années. Pour le moment, les travaux réalisés aux bâtiments sont surtout d’ordre « cosmétique », de l’avis de Vincent Bérubé. « À ma connaissance, nous ne sommes pas dans l’acquisition de matériel pour que la ferme soit à la fine pointe de la technologie, comme c’est le cas dans les plus grosses exploitations agricoles de la région. Il faut s’assurer d’une stabilité des budgets pour l’ITAQ dans le futur, si on ne veut pas se retrouver dans la même précarité que celle connue ces dernières années. »