Si vous arrêtez au comptoir poissonnerie de METRO Plus Lebel, ne vous surprenez pas si on vous glisse à l’oreille une suggestion d’accord mets et vins avec l’achat de votre filet de saumon. Daniel Pelletier, anciennement sommelier, y coule des jours heureux depuis près d’un an à pratiquer un autre « métier de la bouche », comme il se plaît à le dire.
En cette époque de pénurie de main-d’œuvre où les retraités sont de plus en plus nombreux à retourner sur le marché du travail, il n’est pas rare de s’étonner du parcours professionnel de certains d’entre eux lorsque le temps permet de placoter un tant soit peu. Daniel Pelletier est certainement de ceux-là. Si les gens de la région connaissent bien le parcours de l’homme de 61 ans originaire de La Pocatière, nombreux sont ceux qui passent aujourd’hui au comptoir poissonnerie du supermarché METRO Plus Lebel en ignorant tout de son passé de sommelier.
« Je suis chez METRO depuis environ un an. J’ai fait deux mois au département des fruits et légumes avant de transférer à la poissonnerie. J’adore ça! Les gens qui me connaissent me disent souvent : “Qu’est-ce que tu fais ici?” Je leur réponds : “Je travaille, je gagne ma vie!” Et pourtant, en vendant du poisson, je ne suis pas si loin de ce que je faisais avant : les métiers de la bouche », philosophe l’ancien sommelier.
Sommelier réputé
Parti pour les Laurentides dans les années 1980, Daniel Pelletier a fait son chemin dans le domaine de la restauration, pour aboutir sommelier dans ce qui était considéré à l’époque comme étant les plus grandes tables au Québec, notamment dans deux établissements étiquetés Relais & Châteaux. Il a, durant la même période, fait le service du vin lors du très médiatisé mariage de la chanteuse et comédienne Michèle Richard à Saint-Sauveur, elle qui était une cliente régulière du Bistro à Champlain où il travaillait.
En 1989, lui et un autre ami sommelier des Laurentides sont sélectionnés pour représenter le Canada au concours du Meilleur sommelier du monde de l’Association de la sommellerie internationale. « On était 32 candidats de 18 pays différents, et ça se déroulait en France cette année-là; pauvre de nous! » s’exclame-t-il, d’un ton sarcastique.
Trente-quatre ans plus tard, l’ancien sommelier ne sait toujours pas à quelle position il a terminé au classement, car seules les cinq premières places du concours étaient dévoilées. « Je n’en faisais pas partie », ajoute-t-il, sans le moindre regret.
Il n’en demeure pas moins qu’il conserve un souvenir incommensurable de cette expérience de dix jours qui l’a amené aux quatre coins de la France, dans des caves encore considérées aujourd’hui comme étant parmi les meilleures du pays et du monde. « Finir sixième ou 32e quand tu vis une expérience de la sorte, ça importe peu. Ce qu’on a dégusté et mangé durant ce concours, c’est juste incroyable », se souvient-il.
Loin de passer inaperçue, cette participation avait fait grand bruit dans la région, comme en témoigne un article de l’époque qui lui a été remis récemment par un client de passage au comptoir poissonnerie de chez METRO Plus Lebel. « C’est peut-être pour ça que les gens sont surpris quand ils me voient ici. Plusieurs ont perdu le fil de ce que j’ai fait par après », enchaîne Daniel Pelletier.
Retour au Kamouraska
Aujourd’hui de retour au Kamouraska pour s’occuper de ses parents, Daniel Pelletier avoue avoir délaissé le métier de sommelier depuis quelques années. Comblé par son nouveau métier de poissonnier, Daniel Pelletier vit désormais sa passion pour le vin dans la sphère privée. D’abord chez lui, dans ce qu’il considère comme étant « le meilleur restaurant du monde », ou avec des amis, car « le vin, il ne demande qu’une seule chose quand on le déguste : de l’aimer, et d’être consommé en bonne compagnie », conclut-il.