L’événement a fait un virage à 180° pour revenir à son ADN de départ, avec un succès consacré l’été dernier. Le Symposium du Kamouraska n’entend pas changer une formule gagnante, mais le président Yves Ayotte croit qu’il sera impossible de la maintenir à long terme sans un meilleur soutien municipal. Il déplore toutefois que l’écoute ne se soit pas manifestée plus promptement.
Yves Ayotte tente d’obtenir une audience au conseil des maires de la MRC de Kamouraska depuis quelques semaines pour parler de la 28e édition du Symposium du Kamouraska prévue en juillet prochain. Une première demande, qui lui a été refusée sous prétexte qu’elles seraient nombreuses, a été suivie d’une relance de sa part. Il attend depuis un retour. « Je ne peux pas croire qu’un événement qui fait rayonner le Kamouraska ici et ailleurs depuis 30 ans se fasse refuser une demande aussi légitime. Par le passé, l’ancienne présidente Mireille Bérubé était invitée chaque année pour parler du symposium à venir », déplore Yves Ayotte.
Si le président du Symposium tient mordicus à cette rencontre, c’est parce qu’il est en quête d’un meilleur appui municipal, entre autres en matière de financement. En revenant aux fondements de l’événement, avec des artistes qui peignent aux quatre coins de la MRC, le Symposium du Kamouraska a voulu libérer ceux-ci de l’obligation d’être constamment à leurs kiosques dans les trois salles d’exposition de Saint-Germain-de-Kamouraska, Kamouraska et Saint-Denis-De La Bouteillerie afin de « rentabiliser » leur présence à l’événement par le biais de la vente de tableaux. Pour ce faire, l’organisation a même prêché par l’exemple l’an dernier en libérant 10 000 $ emmagasinés au fil des ans afin d’octroyer des bourses aux artistes et d’inciter leur déploiement sur tout le territoire du Kamouraska. « Nos artistes ont même été accueillis comme des rois par Saint-Pascal et La Pocatière, dans le cadre d’un projet pilote qui visait à leur faire découvrir ces municipalités pour les encourager à y peindre. On revient avec la même formule cette année, qui a été appréciée, mais cette fois à Rivière-Ouelle », ajoute Yves Ayotte.
Or, à l’exception de ce projet pilote, l’engagement municipal face au Symposium, d’un point de vue financier, varie d’une place à l’autre, selon Yves Ayotte. Des 28 000 $ en budget consacrés à l’événement, environ 20 000 $ proviennent des artistes eux-mêmes par le biais de leurs inscriptions, le reste étant financé par les 17 municipalités du Kamouraska. Dans le cas des trois municipalités qui accueillent des salles d’exposition, le coût de location pour la durée de l’événement serait même supérieur à leur participation financière, à l’exception de la Municipalité de Kamouraska. « Il y a aussi des municipalités qui ne veulent rien nous donner, sous prétexte qu’elles ne voient jamais d’artistes peindre chez elles, alors qu’on recommence à peine à inciter nos peintres à réinvestir le territoire », indique le président.
Financement rare
Pour la prochaine édition, le Symposium du Kamouraska attend de nouveau une centaine d’artistes. Déjà, 80 inscriptions sont confirmées, dont 30 nouveaux artistes. En renouant avec ses racines, celles d’offrir à des artistes expérimentés ou émergents d’enrichir leur démarche et d’échanger entre eux par le biais d’un événement ancré dans le territoire kamouraskois, le Symposium du Kamouraska sait qu’il tient un numéro gagnant. Cependant, peu d’occasions de financement au fédéral ou au provincial existent sans que leurs conditions entrent en conflit avec cette mission, de l’avis d’Yves Ayotte. Les redditions de comptes qui accompagnent aussi ces subventions forceraient probablement l’organisation à embaucher une permanence pour la gestion de ces dossiers, alors que le Symposium repose actuellement sur une soixantaine de bénévoles qui y consacrent dans certains cas plus de 100 heures de travail chacun. « Être appuyé par les gouvernements pour finalement tout redonner en frais administratifs, on tourne en rond. »
En se présentant au conseil des maires de la MRC de Kamouraska, Yves Ayotte entend plaider pour un financement récurrent sur plusieurs années, comme il a vécu du temps où il s’occupait du Symposium d’arts visuels de Trois-Rivières. Ces sommes pourraient servir notamment en bourses, ou à diminuer les frais d’inscription pour les artistes, qui eux doivent en plus défrayer leur hébergement et leurs repas durant toute la durée du symposium. Autrement, le président ne voit pas comment le Symposium du Kamouraska pourra survivre à long terme, alors qu’il constitue certainement une des meilleures cartes de visite de la région, ailleurs au Québec. « C’est sûr qu’on peut aussi se tourner vers les entreprises de la région pour un meilleur appui financier, mais si les municipalités ne sont pas derrière nous, ça envoie un drôle de message. »