L’eau du fleuve n’a jamais été aussi basse

Photo : Maxime Paradis

Un mètre et demi plus bas que la moyenne. Au point où les bateaux qui empruntent la voie maritime (11 m d’eau) doivent diminuer leur charge, ce qui augmentera encore un peu plus le prix de nos produits. Et aussi l’eau du fleuve se réchauffe, ce qui fait fuir les baleines et le hareng, et disparaître les glaces qui protégeaient les rives.

Un gros barrage du sud-ouest des États-Unis, qui fournit l’électricité à 60 millions d’Américains, risque de ne plus pouvoir fonctionner parce que l’eau du réservoir est si basse qu’elle atteint un point limite. Il fait plus chaud. Les sécheresses se multiplient. La terre s’assèche. La déforestation et les feux de forêt nous privent de l’oxygène et de la sueur des arbres. La France manque d’eau potable. Et ici, nous continuons à empoisonner la nôtre avec nos pesticides et à cultiver jusque dans les ruisseaux.

L’heure des pénuries a sonné. Il manque de tout : d’infirmières, de médecins, de professeurs, d’ouvriers de la construction, de logements, de blé. Il y a trop de monde, trop de migrants, mais il manque de jeunes. On épuise les ressources partout en faisant semblant d’ignorer qu’elles ne sont pas inépuisables, comme le lithium pour faire rouler nos autos électriques. Les politiciens n’arrivent pas à gouverner et à prévoir : ils passent leur temps à éteindre des feux, à gérer des cellules de crise. On a perdu le contrôle. Les faux prophètes se multiplient pour sauver la liberté. Les partis politiques aussi. Pendant ce temps-là, les rapaces empochent : Amazon, Facebook, Netflix, etc.

Et l’heure est à la guerre. Poutine le répète : l’Ukraine, ce n’est que le début de la fin de la domination américaine. C’est vrai que la démocratie américaine vacille : ceux qui ne croient plus à la validité des élections se multiplient, et les élections, c’est le dernier rempart de la démocratie, et la démocratie, le dernier rempart contre la guerre.

Au Québec, parait-il, notre richesse et notre force, c’est l’énergie, l’énergie propre. L’eau, encore l’eau ! Et par chance, elle nous appartient. Ceux qui ont créé Hydro-Québec ne se doutaient même pas de l’avantage stratégique qu’ils nous léguaient. Hydro-Québec est à nous, mais ce n’est pas nous qui l’administrons : c’est Mme Brochu, c’est M. Fitzgibbon, c’est le premier ministre. Tout le monde veut notre électricité propre… mais à bon marché, pour moins qu’elle nous en coûte. À qui allons-nous la réserver ? À ceux qui surchauffent la planète ou à ceux qui la refroidissent ? De quel côté ira la CAQ : on ne le sait pas vraiment.

On a élu 125 députés, enrégimentés dans des partis qui décident pour eux et pour nous. Chacun chez nous, on a élu un député, qu’on ne connaît pas la plupart du temps : il est censé nous représenter, mais plusieurs anciens députés nous assurent que s’ils ne sont pas ministres, ils ne sont que des plantes vertes. Pire encore s’ils sont dans l’opposition.

Qu’est-ce que peut faire notre nouveau député dans ces conditions ? Il y a bien sûr un ministre responsable de chaque région — sauf pour l’Abitibi et la Gaspésie ! Mais ces ministres responsables de région risquent d’être fort occupés et de ne pas avoir beaucoup de temps pour écouter les 100 préfets de MRC. Car il n’y a pas de gouvernements régionaux chez nous. Les 17 régions, ça existe pour l’administration, mais ça n’existe pas en tant qu’instance politique élue.

Face à tant de problèmes, les communautés locales sont finalement laissées à leur propre sort. Il va falloir apprendre à compter davantage sur nous-mêmes : il faut s’organiser et s’occuper de notre eau. Le peuple est plus fort que tous ces « Joe connaissants » et ces capitalistes. Vive le peuple ! Vive nous !

Ceci est un blues postélectoral…