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L’église de Sainte-Louise est vendue

L’église de Sainte-Louise est vendue. Photo : Fabrique de Sainte-Louise

Après plusieurs tentatives pour la reconvertir, l’église de Sainte-Louise a été mise en vente, faute de ressources pour l’entretenir. Et elle vient de trouver preneur, puisque Dominique Pépin-Guay et son frère Samuel ont acquis le bâtiment religieux pour la somme d’un dollar. La transaction a eu lieu le 21 février dernier, et l’église a du même souffle été désacralisée.

Bien que la vocation du bâtiment ne soit pas entièrement définie, le lieu servira probablement d’espace communautaire, où il y aura des ateliers de formation spécialisée, notamment sur le bois, ainsi que des espaces locatifs disponibles pour la population et d’autres organismes au besoin. « Il était important pour nous de conserver l’église pour la préservation de notre histoire et de notre identité collective. Notre père avait également acheté jadis une petite chapelle, et nous sommes fiers d’apporter à notre tour notre contribution à la communauté », déclarent fièrement les frères Pépin-Guay qui se spécialisent dans de tels projets depuis déjà quelques années.

« Nous voulions avoir des gens qui, comme nous, ont à cœur la préservation de notre église et de notre histoire. C’est un bâtiment qui a été construit en 1859 », rappelle Paulette Michaud, marguillière.

Entièrement construite en pierre selon les plans de l’architecte Charles Bernier, et recouverte d’un toit de tôle, elle est meublée de pièces jugées exceptionnelles provenant de l’ancienne église de Saint-Roch-des-Aulnaies, comme « le maître autel en bois doré, réalisé entre 1792 et 1793 par François Baillairgé (1759-1830), son père Jean (1726-1805), et son frère Pierre-Florent (1761-1812) », écrivait en mars 2021 l’historien et chroniqueur du Placoteux Yves Hébert.

Depuis 2020, la Fabrique de Sainte-Louise a multiplié les initiatives pour donner une seconde vie à son église, espérant en faire un centre multifonctionnel adapté aux besoins de la communauté. Avec l’appui de l’entreprise spécialisée Passerelle, un projet ambitieux de reconversion avait été élaboré, incluant des espaces sportifs et des lieux de rassemblement. Cependant, faute de financement, cette vision s’est heurtée à la réalité économique. La baisse de fréquentation aux offices religieux, accentuée par la pandémie, ayant aussi fragilisé les finances de la Fabrique, l’entretien de l’édifice — dont les coûts annuels avoisinaient les 30 000 $ — était devenu impossible. Sans revenus suffisants ni appui municipal, l’église, jadis cœur de la paroisse, se retrouvait désormais sans avenir clair.

L’intérieur de l’église. Photo : Fabrique de Sainte-Louise

Même l’idée de démanteler le bâtiment aurait été évoquée, mais puisque les coûts de démolition se chiffraient, dit-on, à 1 M$, le projet a rapidement été abandonné. « Les gens entre 30 et 55 ans environ, même s’ils ne pratiquent plus la religion catholique, trouvaient tout de même inacceptable l’abandon de notre église, alors qu’elle fait partie du paysage de Sainte-Louise depuis des lustres », raconte Mme Michaud.

Désacraliser une église

La désacralisation d’une église est une procédure officielle permettant à un édifice religieux de perdre son statut de lieu de culte afin d’être utilisé à d’autres fins. Cette décision revient à l’évêque du diocèse concerné, qui peut consulter la Fabrique, le conseil paroissial et les fidèles avant de trancher. Pour être désacralisée, une église doit répondre à certains critères, notamment une baisse significative de la fréquentation, des coûts d’entretien trop élevés, ou l’impossibilité de lui trouver un autre usage religieux. Selon le Code de droit canonique, un bâtiment sacré peut être « réduit à un usage profane » s’il ne sert plus au culte, et qu’il existe des raisons graves pour justifier cette transformation (canon 1222).

Une fois désacralisée, l’église peut être vendue ou réaffectée à d’autres usages (centre culturel, salle communautaire, bibliothèque, etc.). Certains usages sont interdits ou déconseillés par l’Église, notamment ceux jugés irrespectueux de la vocation spirituelle du lieu (discothèque, bar, etc.). La désacralisation est donc une étape essentielle avant la vente ou la reconversion d’une église, garantissant une transition respectueuse de son passé religieux.

Lorsque la décision est prise, l’évêque émet un décret officiel de désacralisation, indiquant que l’église cesse d’être un lieu de culte.

Dominique et Samuel Pépin-Guay. Photo : Fabrique de Sainte-Louise