Les « restants » de Bombardier affaiblissent Alstom

Vue sur l’usine d’Alstom à La Pocatière. Photo : Maxime Paradis

Un contrat problématique hérité de l’ancienne division ferroviaire de Bombardier Transport contribue à faire chuter en bourse l’action de la multinationale française Alstom. Cette dernière a perdu, le 5 octobre dernier, 37,6 % de sa valeur à la Bourse de Paris.

La diminution, évaluée à 8,06 € (11,62 $ CAN), a fait passer l’action à 13,40 € (19,32 $ CAN), selon les informations rapportées par La Presse. Cette dégringolade s’expliquerait par le fait que la multinationale Alstom a puisé l’équivalent de 1,5 G€ (2,1 G$ CAN) dans ses réserves durant les six premiers mois de son exercice financier, le double de ce qui était anticipé pour l’année complète.

Des stocks plus élevés pour appuyer une augmentation de la production et des paiements qui n’ont toujours pas été reçus expliqueraient la situation.

Un autre élément, un contrat datant de l’époque de Bombardier Transport pour la livraison de 443 trains à cinq clients britanniques différents, est évoqué par la multinationale française pour justifier ce trou financier « inattendu ».

Depuis l’acquisition de Bombardier Transport par Alstom en 2021, des améliorations significatives auraient été apportées à ce contrat, « mais il se trouve toujours dans une situation difficile », selon les propos du chef de la direction financière d’Alstom, Bernard Delpit, rapportés dans La Presse du 5 octobre. Les effets « indésirables » de ce contrat continueraient de se faire sentir jusqu’au prochain exercice financier qui débutera le 1er avril 2024.

De l’argent public

Rappelons que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le « bas de laine des Québécois », est le principal actionnaire d’Alstom depuis que la multinationale a procédé à l’achat de Bombardier Transport. Sa participation s’élève à 17,2 %, ce qui représentait à l’époque un investissement estimé à 4,1 G$.

Or, ce dernier s’est effondré de 69 % depuis le 29 janvier 2021, l’équivalent de 2,8 G$ du montant initial injecté par la CDPQ. La porte-parole de la CDPQ, Kate Monfette, a avoué à La Presse que l’organisation suivait la situation de près, tout en réitérant la confiance de la CDPQ à l’égard de son investissement dans Alstom.

En plus de la participation de la CDPQ dans Alstom, un prêt de 56 M$ « avec pardon » a été attribué à la multinationale par le gouvernement du Québec en mars 2021. Cette somme, bonifiée de 35 M$ par l’entreprise elle-même, a servi à la modernisation des installations de l’usine de La Pocatière.

Alstom doit cependant maintenir une garantie minimale de 400 emplois à l’usine de La Pocatière jusqu’en 2026, et ensuite de 350 pour la période 2026-2029, sans quoi le prêt ne sera pas converti en subvention, et un taux d’intérêt s’appliquera pour le remboursement.