Les champignons forestiers : nouvelles coqueluches du Kamouraska

Ils sont en vente au marché, ils sont dans nos assiettes au restaurant, ils ont un festival à leur nom et on les cueille maintenant sans crainte lorsqu’on se balade en forêt. Décidément, les champignons forestiers ont de plus en plus la cote au Kamouraska et cet engouement n’est pas près de s’éteindre.

Pour Pascale Malenfant, professionnelle de recherche chez Biopterre, la popularité des champignons forestiers est loin d’être un intérêt passager. Au contraire, c’est une industrie en pleine effervescence, surtout au Kamouraska, et cela, grâce à la mise en place d’une filière mycologique il y a quelques années.

Cette filière, ancrée dans une vision de développement durable, regroupe toutes les activités reliées aux champignons forestiers : guidage, formation, recherche, mise en marché, tourisme et approvisionnement. Inspirée d’un modèle espagnol qui engendre des retombées économiques annuelles de 91 M$ dans la région de Castilla-y-Léon, au nord de Madrid, la filière kamouraskoise a de grandes ambitions. « On aspire rien de moins qu’à devenir la première région productrice au Québec », de déclarer la professionnelle de recherche.

Aujourd’hui, les champignons forestiers sont au menu des plus grandes tables du Québec, ils sont en vente dans les marchés, les supermarchés et l’intérêt pour en cueillir dépasse maintenant celui des cercles de mycologues amateurs.

Les débuts

Toutefois, l’avenir n’a pas toujours été aussi radieux pour l’industrie du champignon forestier. Comme le raconte Pascale Malenfant, bien avant l’avènement des filières, les entreprises spécialisées dans le champignon forestier ont connu des débuts plutôt houleux. « Au début des années 2000, durant la crise forestière, plusieurs ont eu l’idée de diversifier les activités économiques liées à la forêt. Des initiatives misant sur les champignons forestiers ont vu le jour à gauche et à droite, mais malgré cet engouement entrepreneurial, l’intérêt des consommateurs n’y était pas. »

Après quelques échecs commerciaux, voilà que la popularité grandissante de la bonne bouffe, du manger local et bio, combinés à la multiplication des émissions culinaires, sont venus changer la donne. « Aujourd’hui, les champignons forestiers sont au menu des plus grandes tables du Québec, ils sont en vente dans les marchés, les supermarchés et l’intérêt pour en cueillir dépasse maintenant celui des cercles de mycologues amateurs », d’expliquer madame Malenfant.

Aujourd’hui

Au Kamouraska, c’est ce contexte et le projet de Parc régional du Haut-Pays qui ont stimulé la création d’une filière au tournant des années 2010. Sept ans plus tard, on peut dire que les champignons forestiers kamouraskois sont réellement « sortis du bois. »

Un réseau de 22 producteurs de champignons s’est développé, sans parler des activités de cueillette sauvage. Des formations sont également offertes, dont un AEC au Cégep de La Pocatière. Quarante-huit projets de recherche en mycologie appliquée ont été réalisés, dont plusieurs autres en cours menés par Biopterre. Des activités mycotouristiques à la Pourvoirie des Trois Lacs ont attiré environ 300 personnes en 2015 et un nouveau festival, présenté par le restaurant Côté Est, en sera à sa troisième édition en 2017.

« Jusqu’à présent, on parle de 325 000 $ investis dans l’économie mycologique au Kamouraska et de 250 000 $ de plus à venir d’ici 2019. Après 10 ans, on pourra faire l’analyse économique du projet pour bien en mesurer les impacts, mais déjà, le Kamouraska est reconnu partout au Québec et même en Europe pour son développement mycologique », de conclure la professionnelle de recherche.