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Les chevreuils font des ravages à Saint-Pacôme

Les cerfs de Virginie sont d’ordinaire présents en hiver à Saint-Pacôme, mais ils remontent dans leur ravage au printemps. Photo : Karl-Heinz Müller (Unsplash.com)

Arbres fruitiers mangés, cultures de potager abîmées, haies de cèdres défeuillées, les chevreuils sont plus nombreux que jamais à Saint-Pacôme, et les ravages à la végétation se multiplient, au grand dam de certains citoyens qui accusent d’autres résidents d’être à l’origine du problème en les nourrissant. Impartiale jusqu’à tout récemment, la Municipalité s’apprête maintenant à légiférer.

Raymond Picard habite la même maison depuis 1988. Le terrain gigantesque qui s’étend derrière chez lui est son terrain de jeu depuis toujours.

Récemment, les cerfs de Virginie se sont aussi approprié l’endroit. Jadis présents seulement en hiver, les chevreuils se pointent maintenant régulièrement depuis deux ans durant l’été, compromettant l’état de son petit verger, de ses deux grands potagers, et des autres arbres et arbustes qui constituent l’ensemble de son terrain.

« On a tout essayé pour les chasser : de l’urine de coyote, de la boule à mites, des clôtures. Chaque fois, ça les éloigne pour un temps, mais ils finissent toujours par revenir », raconte-t-il.

La situation est telle qu’elle envenime tranquillement la vie de ce petit quartier paisible situé à l’orée des bois, entre Saint-Pacôme et Saint-Gabriel-Lalemant.

Raymond Picard et d’autres membres de son voisinage sont d’avis que cette surabondance de chevreuils est due au fait que certaines personnes du quartier les alimentent. Sa conjointe et lui ont pris la liberté d’avertir « les fautifs » à quelques reprises par le passé, notamment par un message laissé à l’endroit où les gens du quartier vont chercher leur Publisac.

Un changement de comportement a été observé un temps, mais l’habitude ne s’est pas résorbée pour autant. « Parler publiquement dans les médias, c’est là qu’on en est rendu », enchaîne-t-il.

La Municipalité de Saint-Pacôme a tout de même été informée de la situation, puisque la mairesse Louise Chamberland s’est dite bien au fait de la réalité vécue par Raymond Picard. Il s’avère toutefois qu’elle n’est pas unique.

Les chevreuils seraient partout à Saint-Pacôme, même dans les endroits les plus « urbanisés ».

« L’hiver dernier, ils ont même traversé la rivière pour se rendre au golf! Ils n’allaient pas là, avant. En temps normal, ils descendaient la montagne en hiver, et ils remontaient dans leur ravage au début du printemps. Cette année, ils ne sont pas remontés. Alors oui, on présume qu’ils doivent être très bien nourris dans le village », résume-t-elle.

Réglementation provinciale

Le printemps dernier, le gouvernement du Québec a adopté un règlement sur le nourrissage des cerfs de Virginie.

Il est désormais interdit de leur donner toute nourriture en dehors des périodes de chasse, soit du 1er décembre au 31 août. Louis Turbide, directeur général de l’hebdomadaire Le Placoteux et rédacteur en chef du magazine 100 % Chasse Pêche, est en accord avec cette nouvelle législation.

« C’est connu de toujours, les animaux sauvages doivent se nourrir par eux-mêmes, autrement ça crée beaucoup de problèmes, à eux et aux humains. Si jamais il y avait un hiver incroyable, un plan d’intervention concocté par des professionnels du ministère de la Faune serait déployé. En aucun temps monsieur et madame Tout-le-Monde ne doivent intervenir », a-t-il insisté.

L’adoption de cette nouvelle réglementation serait aussi un moyen d’éviter que les cultures potagères ne soient la proie des bêtes, en plus de diminuer les risques d’accidents routiers.

À cet effet, Raymond Picard avoue que son beau-père et lui ont chacun frappé un cerf de Virginie à proximité de son domicile, par le passé.

La mairesse de Saint-Pacôme, qui conduit quant à elle une petite voiture, se rappelle qu’un chevreuil a déjà sauté par-dessus son véhicule alors qu’elle roulait dans le secteur où habite Raymond Picard.

« Avec la nouvelle réglementation adoptée par le gouvernement, M. Picard devrait observer des changements progressivement dans le futur », a ajouté Louis Turbide, optimiste.

Saint-Pacôme s’en mêle

La Municipalité de Saint-Pacôme compte néanmoins ajouter son grain de sel. Elle souhaite entre autres adopter un règlement inspiré de celui du gouvernement, mais qui serait applicable du 1er septembre au 30 novembre. « Notre municipalité n’est pas un ravage ni un territoire de chasse. Il n’y a pas de raison pour ne pas se doter d’un règlement de la sorte », a-t-elle rappelé.

Reste maintenant à savoir qui interviendra pour appliquer le règlement, advenant son adoption. Du 1er décembre au 31 août, ce sont les agents de la faune qui veillent à ce que la législation provinciale soit respectée, souvent à partir des dénonciations du public.

Les amendes vont quant à elles de 1000 à 5000 $. « Est-ce que les agents de la faune peuvent appliquer notre règlement sur notre territoire durant la période de la chasse, ou ce sera la responsabilité de nos employés municipaux? Tout ça reste à voir », conclut Louise Chamberland.

Raymond Picard montre les dommages aux plants de tomates dans son potager. Photo : Maxime Paradis
Traces de chevreuil dans le potager de Raymond Picard. Photo : Maxime Paradis