Une cinquantaine d’éoliennes, pour 350 mégawatts, sont prévues pour 2026 dans l’arrière-pays de Saint-Alexandre–Saint-Antonin, en territoire non habité.
Nous avons la chance au Kamouraska qu’au début des années 2000, grâce à la pression des citoyens, la MRC se soit dotée de règlements qui encadrent le développement des porcheries et des parcs éoliens de façon à ce qu’ils ne créent pas de problèmes de cohabitation avec la zone habitée et touristique. De plus, il s’agit d’un projet largement communautaire qui profitera à toutes les MRC de l’Est-du-Québec.
Nous pouvons être fiers de participer à la course engagée pour grossir le parc d’énergies dites renouvelables et propres, et remplacer le plus rapidement possible l’énergie produite par le charbon, le gaz et le pétrole, dont les émissions de gaz à effet de serre provoquent un réchauffement du climat incontrôlable.
L’énergie est à la source de tout changement dans la nature. Notre consommation d’énergie n’a cessé d’augmenter depuis notre apparition sur Terre : une quantité considérable d’énergie est requise pour produire et amener dans les villes tout ce que nous consommons, que ce soit un simple pot de yogourt, une automobile ou un ordinateur. Jean-Marc Jancovici, un ingénieur-écologiste français très populaire en ce moment, a estimé que l’énergie que chacun de nous consomme, de nos jours, équivaut en moyenne au travail de 200 esclaves à notre service en permanence.
L’énergie absolument indispensable à notre survie comme individu et comme espèce est la nourriture et la reproduction. Tout le reste est en quelque sorte du luxe, du mieux-être, du confort, du loisir. Pendant des millénaires, les premiers hommes se limitaient à cueillir et à chasser pour manger. Il y a 10 000 ans — c’est tout récent —, on a domestiqué les animaux et les plantes, inventé l’esclavage, et ces nouvelles énergies ont permis le développement des villages, des villes et des empires : pensons à l’Empire romain. Mais le grand boum est arrivé il y a 200 ans seulement, avec l’utilisation des énergies fossiles, le charbon, le gaz et le pétrole : ces carburants ont permis de créer les machines et l’électricité. Un litre d’essence équivaut en moyenne à 50 jours de travail, et un avion, à 100 000 paires de jambes. En moins de deux siècles, notre consommation d’énergie, qui représente pourtant moins de 10 % de nos dépenses, est passée de 5000 à 22 000 kilowatts par personne par an, l’espérance de vie de 30 ans à 90 ans, et nos émissions de GES atteignent maintenant cinq tonnes par personne en moyenne — dix tonnes au Québec, quinze au Canada.
Les énergies fossiles continuent à fournir 80 % de l’énergie utilisée dans le monde; les énergies renouvelables ne comptent encore que pour 20 % – hydroélectricité 7 %, nucléaire 4 %, biomasse 5 %, éolien 3 %, solaire 1 %. Mais attention : aucune forme d’énergie n’est vraiment propre ni verte : dès que nous utilisons une énergie de façon massive, quel que soit le mode d’extraction, nous constatons des inconvénients. Il faut beaucoup d’énergie pour construire et opérer des parcs éoliens ou solaires, ceux-ci prennent beaucoup d’espace, il faut les fabriquer et les entretenir, et il faut stocker l’énergie pour les périodes où le vent ne souffle pas et où le soleil n’éclaire pas. De plus, leur rendement n’est que de cinq unités d’énergie produites pour une unité investie, alors qu’il est de cinquante pour l’hydroélectricité et le nucléaire, cent pour le pétrole d’Arabie — qui tire à sa fin — et quatre pour le pétrole de schiste et les sables bitumineux.
Bref, « choisir son énergie, nous dit Jancovici, c’est arbitrer entre les inconvénients que tu acceptes et ceux dont tu n’as pas envie ». Chose certaine, si la population mondiale continue à augmenter, on va devoir limiter notre consommation d’énergie, et donc, de produits jetables et non nécessaires, et surtout, notre désir incontrôlé de confort et de moindre effort. L’angoisse croissante chez les jeunes est un signal d’alarme.