Les étudiants collégiaux réclament plus d’argent en santé mentale

Photo : Sydney Sims (Unsplash.com).

L’Association Générale des Étudiantes et Étudiants du Cégep de La Pocatière (AGEECLP) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) demandent au gouvernement du Québec d’investir massivement dans le prochain plan d’action national en matière de santé mentale du ministère de l’Enseignement supérieur. Deux jours de consultation autour de ce sujet ont été tenus en janvier par la ministre Danielle McCann.

Le plan d’action national en matière de santé mentale du ministère de l’Enseignement supérieur vise notamment à mettre en place un continuum de services de promotion, de prévention et d’intervention dans les établissements d’enseignement supérieur et à créer des milieux d’enseignement sensibles à la diversité des besoins de la communauté étudiante. Son entrée en vigueur est prévue pour l’automne 2021.

En prévision du prochain budget provincial, la FECQ et l’AGEECLP demandent au gouvernement d’investir massivement dans ce futur plan d’action. Une enquête réalisée par la FECQ l’automne dernier et dont les résultats par établissements collégiaux ont été dévoilés il y a quelques semaines affirmait que 64 % de la population étudiante considérait que sa santé psychologique s’était détériorée depuis le début de la pandémie.

La coordonnatrice de l’AGEECLP Audrey Côté n’a pas caché trouver cette statistique inquiétante. Avant la pandémie, elle rappelle qu’environ 35 % des étudiants disaient éprouver différentes formes d’anxiété, situation qu’elle considère ne pas s’être améliorée depuis le début de la crise.

« Les étudiants qui travaillent pour payer une partie de leurs études, en restauration ou dans les commerces non essentiels, ils ont une situation sûrement plus précaire sur le plan financier depuis un an, ce qui est assurément source d’anxiété supplémentaire », poursuit-elle.

La directrice générale du Cégep de La Pocatière Marie-Claude Deschênes avouait récemment qu’une travailleuse sociale avait été embauchée l’automne dernier et qu’elle était en appui au service de soutien psychologie déjà offert dans son établissement. Audrey Côté ne nie pas que des services sont en place dans son Cégep, mais que les questions entourant la santé demeurent essentiellement taboues. Les étudiants, au final, peuvent hésiter longtemps avant de consulter alors qu’ils en auraient pourtant besoin.

« Augmenter les ressources sera peut-être la clé dans certains établissements collégiaux, mais il va aussi falloir travailler en prévention et développer des outils concrets pour diminuer l’anxiété des étudiants », ajoute-t-elle.

La FECQ s’est dite d’accord avec ces propositions. Elle va même plus loin et demande à ce que de la recherche en santé psychologique en enseignement supérieur soit financée dans le prochain plan d’action ministériel. Son organisation a d’ailleurs été consultée par la ministre McCann dans le cadre de la démarche entourant le plan d’action, a confirmé la porte-parole Noémie Veilleux.

« Nous n’avons pas chiffré notre demande, puisqu’il est difficile pour nous d’estimer clairement le montant nécessaire, si grand soit-il », poursuit-elle par courriel. La FECQ espère néanmoins que le gouvernement provincial octroie les sommes nécessaires dans le cadre de son prochain exercice budgétaire.

Le ministère de l’Enseignement supérieur a investi 17 M$ pour la santé mentale étudiante dans la dernière année. De ce montant, 4 M$ sont allés à l’organisation et l’offre de services dans les établissements d’enseignement supérieur, 3 M$ dans l’accessibilité aux services spécialisés de psychothérapie et d’évaluation des troubles mentaux et 10 M$ dans la bonification du soutien psychosocial offert aux communautés étudiantes, notamment par l’accueil et l’intégration des nouveaux étudiants.