Les miraculés de la mer

Parti de Saint-Jean de Terre-Neuve le 13 juin dernier en direction de la France, Joseph Gagnon de Saint-Jean-Port-Joli et son coéquipier irlandais, Brian Conville, ont appris à leur dépend qu’une traversée de l’Atlantique à la rame ne se déroule pas toujours comme prévu. Le 21 juillet au petit matin, alors que leur traversée touchait à sa fin, la mer est venue leur rappeler qu’elle était parfois capricieuse, mettant fin abruptement à leur exploit.

Joseph et Brian n’auraient jamais cru que leur traversée allait se terminer le 21 juillet. Encore moins à 165 milles nautiques des côtes irlandaises. C’est pourtant ce qui est arrivé.

Alors que les deux rameurs étaient pratiquement convaincus d’atteindre leur objectif, l’Irlande, la mer en a décidé autrement. « J’étais couché dans la cabine. Brian ramait. La météo n’était pas parfaite, mais ce n’était pas la pire qu’on ait connu non plus. Quand mon coéquipier s’est levé pour le changement de quart, il a été propulsé par-dessus bord par une vague, tout en restant attaché au bateau. L’embarcation a chaviré et moi j’ai été réveillé par l’eau qui s’accumulait dans la cabine », de raconter Joseph.

Dans l’eau

La balise de détresse perdue, le radeau de survie inaccessible, les deux premières heures ont été très difficiles d’expliquer Joseph Gagnon. « Le bateau coulait tranquillement. On était dans l’eau. Dans ces conditions, on aurait survécu que quelques heures », précisait-il.

Après être montés sur la coque du bateau pour se réchauffer au soleil, Brian et Joseph ont rapidement repris leurs esprits. « On a réfléchi à ce qu’on pouvait faire, car personne n’était au courant de notre détresse », d’ajouter Joseph.

Le bateau coulait tranquillement. On était dans l’eau. Dans ces conditions, on aurait survécu que quelques heures.

Au moment où il s’apprêtait à plonger pour accéder au radeau de survie qui était sous l’eau, dans la cabine arrière du bateau, un hélicoptère est arrivé à 1,5 mille d’eux. Il a été suivi d’un avion de l’armée irlandaise qui les a repérés et qui a pu envoyer leur position à l’hélicoptère qui les a ensuite repêchés. « Au total, on est resté attaché au bateau une bonne dizaine d’heures », d’indiquer le rameur de Saint-Jean-Port-Joli.

Retour en mer

Hospitalisé un peu moins de 24 h, Joseph avoue avoir souffert d’un peu d’hypothermie. Sinon, il a été traité principalement pour ses muscles qui ont été abîmés durant la traversée.

Heureux de sa traversée, il avoue être fier de ce qu’il a réalisé avec son coéquipier Brian Conville, malgré la tournure tragique des événements. « On a complété 99 % de notre objectif et on a très bien travaillé ensemble, malgré la barrière de la langue. On a eu beaucoup de plaisir », de mentionner Joseph.

Même si aujourd’hui il sait que l’océan peut être capricieux, Joseph Gagnon demeure très motivé à retourner en mer l’an prochain. « Je n’ai aucune idée d’où se fera le départ, ni comment mon expédition va s’organiser, mais je garde le cap sur une traversée en solo l’an prochain », concluait-il.