Un personnage bien connu dans le monde de la biologie du chevreuil malheureusement décédé en 2017, Charles Alsheimer, croyait fermement à l’influence de la lune sur les activités du rut. Il allait même jusqu’à décortiquer cette période en trois phases distinctes qui se chevauchent durant toute l’étendue du rut proprement dit (de 30 à 40 jours en moyenne). Les voici donc :
PHASE 1 : LA QUÊTE
Cette première phase s’amorcerait de deux à trois jours avant la deuxième pleine lune après l’équinoxe d’automne (ou lune de rut) et durerait environ trois jours. Cette année, cette période se situe donc autour du 9 ou du 10 novembre. Les mâles sont chargés à bloc de testostérone et commencent à parcourir leur territoire en quête d’une première femelle en oestrus. À ce moment de l’année, les bucks sont dans une condition physique optimale et passent chaque moment éveillé à faire des grattages et des frottages, tout en recherchant ardemment tout signe de femelle intéressant. Ils se déplacent beaucoup, si bien que cette période est une des meilleures pour le chasseur, surtout s’il se tient à l’affût sans bouger.
PHASE 2 : LA POURSUITE
Cette deuxième phase est souvent confondue avec la première. En fait, elles se chevauchent, mais les chevreuils se comportent différemment. La poursuite a lieu environ trois jours après la lune de rut qui est le 12 novembre et dure plus ou moins quatre jours, avant de se transformer en période d’accouplement proprement dite. Cela nous reporte donc autour du 15 novembre, soit le dernier week-end de chasse dans les zone 2 et 3. Durant cette phase, les femelles sont presque en oestrus, alors les bucks pourchassent chacune qu’ils croisent en forêt. Un mâle peut être très persévérant, sachant fort bien qu’il aura bientôt l’occasion de s’accoupler. Comme autre comportement, les bucks continuent à faire des frottages et des grattages. À certains endroits, la production de tels signes peut être intense, surtout si la population de cervidés est bien équilibrée. Les combats entre bucks les plus marquants ont également lieu à ce moment, particulièrement si deux belligérants se disputent la même femelle.
De toutes les phases du rut, la poursuite est celle générant le plus d’activité et de mouvement de la part des bucks. Il est donc fortement suggéré de chasser toute la journée, car à tout moment un grand mâle peut surgir devant vous le nez à terre sur la piste d’une femelle. C’est également le moment idéal pour pratiquer le rattling et les divers appels pour attirer l’attention d’un prétendant au gros panache.
PHASE 3 : L’ACCOUPLEMENT
Bien que la grande majorité des femelles soient prêtes à s’accoupler à cette période, certaines peuvent souffrir d’un dérèglement hormonal qui les rend réceptives à des moments inattendus durant l’automne, comme au début octobre ou avant l’arrivée de la lune de rut. La phase d’accouplement débute normalement sept jours après la lune de rut (donc le 19 novembre soit après la saison de chasse dans les zones 2 et 3 cette année) et dure 14 jours en moyenne. Selon certaines études, 70 à 80 % des femelles seraient fécondées à cette occasion. Cette période peut être très difficile pour le chasseur, car ce sont maintenant les femelles qui dictent le nombre de déplacements qu’effectueront les bucks durant leur journée. Or, typiquement, elles se déplacent beaucoup moins que les mâles. Dans les zones où la chasse est encore ouverte, le chasseur devra donc installer son affût à proximité d’un secteur où il sait que des femelles se concentrent. Sinon, dans la mesure du possible, il tâchera de se déplacer lentement pendant toute la journée pour dénicher des chevreuils accompagnés ça et là sur le territoire de chasse.