Difficile de s’imaginer quelqu’un qui est passionné par les plantes carnivores. Pourtant, c’est bien ce qui anime le Port-Jolien Paolo Pipia depuis quelques années. Ayant vu sa production passer de 3000 à 10 000 boutures, il vend aujourd’hui ces végétaux plus pratico-pratiques que terrifiants aux Serres de Paolo, entreprise nouvellement installée dans le parc industriel de Saint-Jean-Port-Joli.
Il suffit d’entendre le nom et on frémit. Difficile de ne pas repenser à ces images de plantes mangeuses d’hommes, abondamment vues dans les dessins animés, lorsqu’il est question de plantes carnivores. Et pourtant, il n’en est rien. Loin d’être nocives pour les hommes, les plantes carnivores sont probablement leur meilleur allié, piégeant coup sur coup ces insectes indésirables dont la présence est tout sauf la bienvenue dans nos maisons.
Paolo Pipia, lui, a commencé à s’y intéresser un peu par hasard, après en avoir acheté une dans un centre jardin de la région de Québec. Mais à la base, il avoue avoir hérité de cette même passion pour le jardinage qui anime son père, au point où, d’une plante carnivore à l’autre, il s’est mis à en avoir des milliers, faisant germer par la bande l’idée de l’entreprise. Installée sur la rue Henri-Gamache, dans le nouveau parc industriel de la municipalité, les Serres de Paolo proposent 90 % de plantes carnivores et environ 10 % de plantes tropicales, en plus de différents accessoires, la plupart faits main par sa conjointe.
« Je suis le seul au Québec à me spécialiser là-dedans (les plantes carnivores) ; je dirais même au Canada. Il y a un autre producteur orienté davantage vers les particuliers au pays, mais je suis le seul qui vend autant aux centres jardins qu’au grand public », résume Paolo.
Plutôt clandestine, la communauté d’amateurs de plantes carnivores est pourtant très développée de par le monde. Entraide, conseils, partage de semences motivent ses initiés. Avec les Serres de Paolo, l’instigateur du projet souhaite faire sortir cette communauté de l’ombre, et faire connaître davantage ces plantes qu’il présente comme une solution « esthétique et environnementale », ne serait-ce que lorsqu’elles nous épargnent de devoir dérouler du plafond ces collants de dernier recours pour piéger trop peu de ces insectes volants devenus hors de contrôle dans nos cuisines.
« La pinguicula, ou plante grassette, elle est parfaite contre les mouches à fruits et nécessite peu d’entretien. La dionaea muscipula est très efficace contre les mouches et elle est fascinante à regarder, avec son mouvement qui emprisonne la mouche sous nos yeux », suggère le passionné.
Plusieurs curieux n’ont pas manqué de prendre ses conseils à la lettre lors des deux journées portes ouvertes tenues les 29 et 30 octobre dernier, repartant souvent avec l’une ou l’autre de ces plantes, certes carnivores, mais utilitaires. Le prochain objectif de Paolo Pipia est maintenant de tenir un rendez-vous annuel d’amateurs de plantes carnivores, directement à ses serres de Saint-Jean-Port-Joli, ouvertes en temps normal sur rendez-vous.