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L’Est-du-Québec n’a plus le même poids politique

Carte électorale fédérale de la région de l’Est-du-Québec. Photo : Élections Canada

Le redécoupage de la carte électorale fédérale, issu du recensement de 2021, a entraîné une perte de représentation politique pour l’Est-du-Québec, une décision que déplore vivement la Société nationale de l’Est du Québec (SNEQ) dans le cadre de la présente campagne électorale. Selon l’organisme, ce réaménagement, qui peut sembler fondé sur des critères démographiques rationnels, occulte de nombreuses réalités propres aux régions moins densément peuplées.

La refonte des circonscriptions vise à maintenir une moyenne d’environ 109 000 habitants par circonscription, une logique adaptée aux milieux urbains, où une circonscription peut ne représenter qu’un seul quartier. Or, en milieu rural ou en région-ressource, cette approche engendre des territoires électoraux immenses, rendant difficile la tâche de représentation des élus, et limitant l’accessibilité des citoyens à leurs députés.

La SNEQ rappelle être intervenue dès 2023 pour dénoncer cette logique mathématique aveugle, et réclamer un ajustement basé sur les particularités territoriales, économiques et géographiques de l’Est-du-Québec. « Il est irréaliste d’espérer une densité de population comparable à celle des centres urbains dans des régions où l’économie repose sur l’exploitation des ressources naturelles, et où de vastes zones sont occupées par des parcs, des réserves fauniques, ou des terres agricoles », souligne l’organisme.

Parmi les changements majeurs, la circonscription de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine a été fusionnée avec une partie d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia. Des modifications ont aussi touché Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup, ainsi que Rimouski-Neigette–Témiscouata–Les Basques, avec redécoupages et changements de noms. Ces ajustements sont désormais en vigueur localement, avec la nouvelle circonscription de Côte-du-Sud–Rivière-du-Loup–Kataskomiq–Témiscouata.

En février dernier, une tentative juridique pour bloquer ces changements a échoué en Cour fédérale. La SNEQ se dit toutefois encouragée par l’implication continue de l’organisme Droits collectifs Québec (DCQ) qui milite pour un système de représentation plus équitable, et qui pourrait porter l’affaire en appel.

« Le gouvernement sortant laisse cette immense région et sa population avec une voix de moins pour les représenter. C’est inacceptable », conclut la SNEQ, appelant à une réforme du mode de calcul électoral qui tienne compte des réalités régionales et de l’équité territoriale.