Le 1er mai dernier, vous preniez la décision de suspendre les activités du Camp par manque de personnel et de profiter de cette pause pour entamer une réflexion quant à l’avenir du Camp.
Lors d’une entrevue au journal Le Placoteux, monsieur Thiboutot disait : « Il faut évaluer si on conserve la clientèle actuelle ou si on décide d’en rejoindre une nouvelle, tout en demeurant une œuvre humanitaire en faveur des plus démunis. »
On disait également que divers partenaires, dont la Municipalité de Rivière-Ouelle, seraient impliqués dans cette décision. La décision de suspendre les activités pour l’été 2018, à peine quelques jours après le décès de l’abbé Odilon Hudon, nous a fort étonné. Nous avons d’ailleurs partagé notre vive préoccupation quant à l’avenir du Camp avec monsieur Thiboutot dès le début du mois de mai. Cependant, nous devons maintenant vivre avec la décision du conseil d’administration et voir comment relancer le Camp pour 2019.
Et les impacts de cette décision sont grands! Les campeurs qui ont perdu leur séjour ont peu de chances d’avoir retrouvé un camp de vacances avec ce court délai. Nous craignons aussi une perte de clientèle pour les années à venir et la détérioration des bâtiments sans parler du climat incertain et très difficile pour l’équipe en place.
La mission du Camp
À ses débuts, le Camp s’est donné pour mission : « Offrir à une clientèle vivant avec une problématique de limitation intellectuelle, physique et ou socio-affective des séjours en camp de vacances dans un environnement naturel et humain de qualité ; et de favoriser un temps de répit aux familles naturelles ou d’accueil. ». Il s’agit donc d’une œuvre humanitaire, inspirée de la philosophie de Jean Vanier, en faveur des plus démunis que l’abbé Odilon Hudon a imprégné dans ce lieu fantastique qu’est le Camp Canawish, mais également toutes les personnes qui y ont travaillé.
C’est une œuvre humanitaire que le Diocèse a toujours supportée avec, en particulier, le Fonds Mgr Charles-Henri-Lévesque créé en 1973 pour soutenir financièrement le Camp.
Nous sentons également dans la population une forte mobilisation pour poursuivre cette œuvre. Cette fin de semaine, nous tenions à Canawish une rencontre de consultation au sujet du plan de développement 2018-2022 de la Municipalité. Les citoyens présents demandaient ce qu’ils pouvaient faire pour que le Camp poursuive ses activités.
Les 178 inscriptions au Camp pour l’été 2018 indiquent clairement que le Camp rencontre un besoin bien réel.
Le temps passe
Cela fait déjà sept semaines que la décision d’entamer une réflexion a été prise. Nous n’avons pas entendu parler de la démarche de réflexion mise sur pied par le conseil d’administration et nous craignons sérieusement pour l’avenir de l’œuvre de l’abbé Odilon Hudon. Donc voici quelques questions qui pourraient vous aider dans votre réflexion :
La réputation du Camp est un atout majeur de recrutement mais aujourd’hui, dans un contexte de rareté de main d’œuvre, la rémunération offerte, aux moniteurs en particulier, doit être ajustée. Une rémunération de 230 $ par semaine ne suffit plus.
Il faut créer un noyau de partenaires qui seront présents pour aider le Camp à relever les défis. Par exemple, le CÉGEP de La Pocatière est un partenaire de choix qui s’implique de plus en plus avec les acteurs de la région. Des stages pourraient être organisés dans le cadre des études.
Il faudrait également solliciter la contribution des nombreux anciens qui sont prêts à mettre l’épaule à la roue.
Une approche systématique doit être initiée auprès des partenaires en particulier pour le recrutement des moniteurs.
D’autres camps ont des défis similaires au nôtre. Il faut voir avec eux comment ils les ont adressés. Un partenariat pourrait même être envisagé avec un organisme spécialisé en gestion de camps.
L’aide financière gouvernementale au fonctionnement de près de 90 000 $ a dû être cédée cette année. Quelle est la stratégie du conseil pour s’assurer qu’elle sera au rendez-vous l’an prochain? Des partenaires financiers peuvent également être trouvés.
Le Camp a la chance, depuis des années, de compter sur deux employés clés très dévoués qui ont une connaissance fine des activités du Camp et des lieux physiques. Comment s’assure-t-on de conserver ces employés en 2018 dans un contexte où le Camp n’offrira que la location des lieux? Ces employés seront essentiels à la relance du Camp en 2019. Leur contribution est d’autant plus importante que nous comprenons que Tourisme Québec visitera bientôt le Camp pour décider de la reconduction ou non des 4 étoiles du Camp.
Votre réflexion pourrait conduire à long terme à l’émergence d’une vocation alternative pour le Camp qui pourrait cohabiter avec la vocation actuelle. Cependant, dans toutes les interventions que nous avons vues ou entendues, une chose est bien claire : la vocation que l’abbé Odilon Hudon a voulu pour son Camp doit être préservée.
Votre défi est immense mais ne sous-estimez pas la contribution que des partenaires pourront vous apporter. L’œuvre humanitaire de l’abbé Odilon Hudon en faveur des plus démunis nous rejoint tous.
Louis-Georges Simard
Maire de Rivière-Ouelle