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L’héritage d’Amable Dionne, seigneur de la Grande Anse

Peu de temps après son décès le 2 mai 1852, le seigneur de la Grande et de La Pocatière Amable Dionne laissait un héritage de 150 000 $ à son épouse. Comment expliquer la fortune considérable de ce seigneur ?

Yves Hébert

Issu du mariage d’Alexandre Dionne et de Magdeleine Michaud, Amable Dionne est né le 30 novembre 1781. Peu de temps après ses études, il gagne sa vie à titre de commis pour le marchand de Kamouraska, Pierre Casgrain (1771-1828), puis devient son associé en 1811 dans le commerce de marchandises sèches et liquides.

Après la dissolution de la société Casgrain et Dionne en 1818, Amable vole de ses propres ailes et devient avec les années un important marchand de la Côte-du-Sud. La localisation de son commerce dans une seigneurie très productive en récoltes et en pêcheries jouera en sa faveur. La fortune qu’il accumule lui permettra d’offrir à chacune de ses huit filles 8000 $ de dot.

La générosité d’Amable Dionne lui joue cependant des tours. Après la mort de l’époux de la sœur de son épouse en 1821, il accepte de prendre en charge le fils de la veuve : Charles-Paschal Télesphore Chiniquy (1809-1899). Celui qui devait plus tard se faire connaître comme un apôtre de la tempérance ne réside pas longtemps chez les Dionne.

Selon l’historien Serge Gagnon, son oncle lui montra la porte, car le jeune Chiniquy aurait attenté à la pudeur de l’une de ses filles. Pour se venger, converti plus tard au protestantisme, Chiniquy osa écrire dans ses mémoires qu’Amable Dionne avait fait sa fortune aux dépens des paroissiens de Kamouraska.

La confiance que Dionne reçut de la population fera mentir Chiniquy. Il sera élu député de Kamouraska à deux reprises à la chambre d’assemblée du Bas-Canada entre 1830 et 1838. En 1849, Amable Dionne s’était fait construire un manoir à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, mais il n’en profita que peu de temps, jusqu’à son décès le 2 mai 1852.