L’histoire d’un soldat de la révolution américaine originaire de La Pocatière racontée

Un maître charpentier de Sainte-Anne-du-Sud (La Pocatière), espion et soldat de la révolution américaine ? Qui aurait cru ! Pourtant, tel est le destin de Clément Gosselin, aujourd’hui raconté dans le plus récent cahier d’histoire de Gaston Deschênes, historien et auteur originaire de Saint-Jean-Port-Joli.

Gaston Deschênes l’avoue d’emblée, il a Clément Gosselin dans sa mire depuis un moment. Au cours des deux dernières années, il a consacré une bonne partie de son temps à documenter un ouvrage qui doit paraître prochainement, et qui sera consacré à la Côte-du-Sud au moment de l’invasion américaine qui coïncide avec la Guerre d’indépendance des États-Unis. Dans la foulée, il a choisi d’abord de consacrer un livre à Clément Gosselin, sur cette même période qui va de 1775 à 1776.

« Ce qui est particulier avec Clément Gosselin, c’est qu’aux États-Unis il est considéré comme un héros de la révolution, alors que sur la Côte-du-Sud, où il a passé une bonne partie de sa vie, c’est un zéro en quelque sorte. »

Ce « patriote avant son temps », comme le résume Gaston Deschênes, est né à Sainte-Famille-de-l’Île-d’Orléans en 1747. Lorsque l’armée des Treize Colonies débarque à Québec en 1775, Clément Gosselin habite Sainte-Anne-du-Sud — aujourd’hui La Pocatière — où il travaille comme maître charpentier. Il joint les rangs de l’armée des Treize Colonies en 1776, avec pour objectif de recruter en Côte-du-Sud des soldats et de nommer des officiers de milice favorables aux insurgés.

« Contrairement à Gosselin, son frère Louis et son beau-père Germain Dionne, les Canadiens n’ont pas répondu à l’appel d’indépendance des Américains. Dès 1778, les trois ont traversé aux futurs États-Unis terminer la guerre. Clément Gosselin était un homme d’une grande sincérité, malgré qu’il ait posé des gestes qui allaient à l’encontre de la loi de l’époque. Il aurait pu continuer sa vie de charpentier, mais il était motivé par l’idée de se libérer de la tutelle britannique », explique Gaston Deschênes.

Héritage

L’histoire québécoise et canadienne ayant emprunté un autre sentier, Clément Gosselin demeure assez méconnu à ce jour, de reconnaître l’historien. Pourtant, certaines choses permettent d’honorer sa mémoire, notamment une plaque dévoilée le 18 juin dernier dans son village natal de Sainte-Famille à l’Île d’Orléans. « On projetterait même donner son nom à une rue », ajoute-t-il.

Le personnage est pourtant fascinant en soi. À titre de charpentier, il a collaboré à la construction de plusieurs églises en Côte-du-Sud. Décoré aux États-Unis après la guerre, il s’est installé avec sa famille en bordure du lac Champlain dès 1785, après avoir multiplié les démarches pour obtenir vivres et terres dans cette région pour ses compatriotes et lui. Avec George Washington, premier président des États-Unis, il a correspondu à quelques reprises, notamment sur l’indépendance des Canadiens et des Américains, vue comme « une cause commune » par le révolutionnaire américain.

Clément Gosselin, maître charpentier, espion et soldat de la révolution américaine (1747-1816) sera lancé à la Librairie L’Option de La Pocatière le 16 octobre prochain à 13 h. Un autre lancement régional est prévu en novembre prochain à Saint-Jean-Port-Joli, lors du Salon du livre de la Côte-du-Sud.