Lieux chargés d’histoire : les anses

On oublie parfois que le rivage de la région est une succession de petites baies qui s’encaissent le long du rivage du fleuve. Pour y avoir accès, on utilise une voie publique ou privée que l’on appelle anse. Ces chemins ont une histoire souvent méconnue.

Yves Hébert

Ces anses portent toujours un nom, connu le plus souvent par le propriétaire du lot qui fait front au fleuve et par les habitants. Devant Saint-Jean-Port-Joli, plusieurs d’entre elles enrichissent la toponymie locale. En consultant une carte régionale réalisée par l’arpenteur Alexandre-Marie Taché (1871— ?), on en découvre six : l’Anse à Pierre Jean, à Éloi Caron, à Caronnette, à Chouinard, à Joseph Pelletier et à Michel Caron.

Dans son livre « Ma paroisse », le journaliste et historien Gérard Ouellet (1906-1981), mentionne les noms de quinze anses devant Saint-Jean-Port-Joli, entre autres les anses à Corbeau, à Blanchon et celles qui réfèrent aux familles Francoeur, Toussaint et Verreault.

Pour sa part, l’anse aux Sauvages revêt un mystère. Une légende rapportée par Alphonse Gagnon dans « L’Opinion publique » en 1875 rapporte que cette anse était autrefois occupée par des Amérindiens qui nommaient l’endroit la grande Bouche. Connue aujourd’hui sous le nom d’anse Sauvage, elle est associée à la villégiature depuis plusieurs décennies.

Certaines, comme l’anse des Mercier à Rivière-Ouelle, sont fréquentées depuis le Régime français. Avec l’arrivée de l’automobile, celle-ci est fréquentée par les villégiateurs qui se construisent de petits chalets. À Rivière-Ouelle, on trouve aussi l’anse aux Iroquois qui s’étire de la pointe de la Rivière-Ouelle jusqu’à la pointe aux Iroquois. Pourquoi ce nom? Une hypothèse veut que des Iroquois occupent de façon temporaire ce secteur au XVIe siècle. On sait cependant que des Micmacs, des Abénaquis et des Malécites fréquentaient la région au XVIIe siècle.