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L’intelligence artificielle au service de la foi

En un clic, Magisterium donne des renseignements précis sur les questions catholiques. Illustration : DALL-E

Désormais, il est possible de poser une question théologique et d’obtenir une réponse instantanée… grâce à une IA spécialisée. Finies les longues recherches dans les saintes Écritures, il n’y a qu’à taper « enter ».

« Le Vatican a développé Magisterium, une base de données intelligente permettant d’accéder aux textes du Magistère de l’Église, explique Jean-François Morin, responsable des communications du Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. On peut y poser des questions sur la doctrine, et obtenir des extraits d’encycliques ou de discours papaux en quelques secondes. »

Un ChatGPT religieux

Accessible en ligne via www.magisterium.com, cet outil fonctionne un peu comme ChatGPT, mais avec une particularité : ses réponses sont exclusivement tirées des enseignements officiels de l’Église catholique. Il permet aux fidèles, aux théologiens et aux curieux d’approfondir leurs connaissances sans avoir à parcourir des milliers de pages de documents ecclésiastiques.

Le site propose une expérience interactive, où l’utilisateur peut formuler des requêtes variées comme : « que dit le pape François sur l’écologie? », ou « quelle est la position de l’Église sur l’intelligence artificielle? ». En réponse, l’IA cite directement des sources officielles, comme des discours pontificaux ou des lettres apostoliques.

Par exemple, Le Placoteux a demandé à l’IA de Magisterium quelle est la position du pape François sur le mariage des prêtres. Voici un extrait de sa réponse, du reste très précise : « Lors du Synode sur l’Amazonie en 2019, le pape François a encouragé un débat sur la possibilité d’ordonner des hommes mariés, en particulier des leaders communautaires, pour répondre aux besoins pastoraux de cette région. Bien que le synode n’ait pas abouti à une décision définitive sur cette question, il a ouvert la voie à une réflexion plus approfondie sur la discipline du célibat et les besoins de l’Église. »

Avantages et précautions

L’un des principaux atouts de Magisterium est son accessibilité. « Avant, pour retrouver un passage précis d’une encyclique ou d’un texte du Concile Vatican II, il fallait fouiller dans des archives volumineuses. Aujourd’hui, une simple requête suffit », note M. Morin.

L’outil facilite également la vulgarisation des enseignements religieux, et peut être un soutien précieux pour les catéchètes et les prêtres. Certaines paroisses l’utilisent déjà pour préparer leurs homélies, ou pour structurer des formations sur la foi catholique.

Toutefois, comme toute intelligence artificielle, Magisterium n’est pas infaillible. « Même avec un cadre strict, il arrive que des erreurs se glissent dans les réponses, précise M. Morin. Il faut toujours vérifier les sources, et s’assurer que l’information est bien attribuée. »

L’Église insiste d’ailleurs sur la nécessité de conserver une approche humaine dans l’utilisation de ces outils. Dans sa récente note Antiqua et nova, le Vatican rappelle que l’IA doit rester un moyen, et non une fin en soi. Elle ne doit jamais remplacer le discernement humain, notamment dans les questions de foi et de morale.

Vers une Église numérique?

L’essor de l’IA dans la religion pose de nombreuses questions. Jusqu’où peut-on automatiser la diffusion de la foi? Un algorithme peut-il interpréter la parole de Dieu avec justesse?

Si ces technologies permettent d’accéder plus facilement aux enseignements religieux, elles ne remplacent pas l’expérience humaine et spirituelle. Comme le rappelle M. Morin, « l’intelligence artificielle peut aider à diffuser la doctrine, mais elle ne remplacera jamais la transmission vivante de la foi ».

L’IA dans la religion est donc un outil puissant, mais qui doit être utilisé avec discernement. Car si un robot peut expliquer un verset biblique, il ne pourra jamais remplacer une véritable rencontre spirituelle.