L’Islet demeurera en rouge pour encore quelques semaines

René Laverdière devant les bureaux de la MRC de L’Islet à Saint-Jean-Port-Joli. Photo : Maxime Paradis.

Résignation. Impuissance. Voilà les sentiments partagés par le préfet de la MRC de L’Islet René Laverdière et le maire de Saint-Jean-Port-Joli Normand Caron à la suite du maintien en zone rouge de la région de Chaudière-Appalaches à l’approche de la relâche scolaire.

René Laverdière avait peu d’espoir. Ses discussions avec la députée et ministre de Côte-du-Sud Marie-Eve Proulx lui laissaient suggérer qu’il y avait peu de chances que L’Islet passe en orange dès le 22 février, dit-il.

« On a usé de tous les arguments pour tenter de convaincre le gouvernement et la Santé publique. Ils sont catégoriques, ils ne veulent plus de sous-régions », a-t-il mentionné.

Devant la déception, René Laverdière demeure rationnel. La plupart des commerces sont maintenant ouverts dans sa MRC. 40 % de la population de L’Islet est aussi composée de personnes âgées, une proportion qui demande une vigilance de tous les instants, rappelle-t-il.

« Comme élus, c’est notre responsabilité de s’assurer de leur santé », s’est-il exclamé.

Saint-Jean-Port-Joli

La déception était tout aussi grande chez Normand Caron. La semaine dernière, le maire et son conseil municipal questionnaient la Directrice régionale de la Santé publique Liliana Romero sur les raisons justifiant le maintien de la MRC de L’Islet en zone rouge, étant donné l’inexistence ou le faible nombre de cas positifs à la COVID-19 sur le territoire.

La docteure s’était rapidement expliquée dans une lettre que la Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli avait rendue publique sur sa page Facebook. Elle y faisait état de paliers de couleurs différentes des MRC de Chaudière-Appalaches et de l’importance d’avoir, entre autres, moins de 40 cas par jours sur une période minimale de 14 jours dans toute la région pour espérer un passage à l’orange. Bien que le nombre de nouveaux cas actifs se maintienne sous la barre des 20 depuis le 14 février en Chaudière-Appalaches, le CISSS en rapportait 57 par jour les 12 et 13 février derniers.

« En Beauce, c’est là que ça ne va pas bien. On rapportait récemment une éclosion dans une école et un service de garde. Les nouveaux variants n’aident pas non plus. On n’aura pas le choix d’attendre après la relâche », déplore Normand Caron.

Le ton du maire tranche néanmoins avec celui de la semaine dernière où il affirmait « donner une chance au coureur (Santé publique) ». « À partir du 22 (février), si nos statistiques répondent à un degré très satisfaisant et qu’on reste en rouge, va falloir se parler », avait-il déclaré.

L’Islet n’a plus de cas actif sur son territoire depuis le 14 février et Normand Caron confirme ne pas avoir reparlé avec la Santé publique, en date du 17 février. « On vient de gagner les arénas », ajoute-t-il, sur un ton beaucoup moins combatif.

Chambre de commerce

La directrice générale de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet Nancy Dubé a aussi regretté l’approche généralisée du gouvernement et de la Santé publique dans l’application des paliers de couleurs par région, à l’approche de la semaine de relâche. Le bon bilan observé dans L’Islet depuis plusieurs semaines lui permettait d’espérer une gestion par sous-région comme c’était le cas à l’automne 2020.

« Avec l’annonce de François Legault d’hier (16 février), je crois que L’Islet et tout Chaudière-Appalaches ne peut pas s’attendre à de changements avant un bon mois. »

Avec la réouverture des commerces permise partout au Québec depuis le 8 février, Nancy Dubé souligne qu’il reste peu d’entreprises qui ne peuvent toujours pas rouvrir leurs portes dans L’Islet, sinon les salles à manger des restaurateurs. Son coup de sonde réalisé auprès d’eux ne laisse toutefois pas transparaître de l’amertume.

« À Saint-Jean-Port-Joli par exemple, plusieurs n’y arriveraient pas avec juste les clients locaux. Tant qu’il n’y aura pas plus de touristes, la plupart préfèrent rester fermés, ça leur coûte moins cher et ça leur donne encore droit aux aides financières. C’est un son de cloche qui m’a surpris au départ, mais qu’on comprend mieux quand on le remet en perspective », conclut-elle.