Les intervenants en santé de la région de L’Islet rattachés au CISSS de Chaudière-Appalaches ont eu accès à une formation unique, utilisant la réalité virtuelle, afin de mieux intervenir auprès de la clientèle souffrant de démence. Développée en Australie, c’était la première fois que cette formation était offerte en sol nord-américain.
Appelée EDIE, cette formation qui utilise la réalité virtuelle nous place dans la peau d’un homme âgé qui se réveille au beau milieu de la nuit pour se rendre à la toilette. La réalité virtuelle nous permet de constater que l’homme évolue dans un environnement qui n’est pas adapté à sa réalité, de telle sorte que les motifs des rideaux se confondent aux murs et aux portes. Les revêtements de planchers, dont la perception est modifiée par l’éclairage, et même les meubles, viennent aussi compliquer ses déplacements.
De plus, grâce au son retransmis par le casque d’écoute, nous sommes en mesure de ressentir l’angoisse de l’homme dont le cœur bat à une vitesse folle et d’entendre sa conjointe, restée dans la chambre, s’impatienter devant le temps qu’il prend à se rendre à la salle de bains. L’expérience se conclut alors que l’homme, n’étant pas en mesure de trouver l’interrupteur pour allumer la lumière dans la pièce, urine dans un bac à lessive qu’il a confondu avec une toilette, au grand désarroi de sa femme qui s’exclame en lui disant : « Encore une fois! »
« Ça vient augmenter de beaucoup leur sentiment d’empathie et ça contribue, entre autres, à développer une approche centrée sur la personne. Ils saisissent mieux la perception différente que ces gens peuvent avoir de leur environnement en raison de leur déficit cognitif. » – Marie-France Dozois
Empathie accrue
Pour la formatrice Marie-France Dozois, qui est détentrice des licences de la formation EDIE au Canada pour les trois prochaines années, l’expérience immersive de la réalité virtuelle permet aux intervenants et aux aidants de mieux saisir la réalité d’une personne souffrant de démence. « Ça vient augmenter de beaucoup leur sentiment d’empathie et ça contribue, entre autres, à développer une approche centrée sur la personne. Ils saisissent mieux la perception différente que ces gens peuvent avoir de leur environnement en raison de leur déficit cognitif », de confier la formatrice.
Éducatrice spécialisée au CHSLD de Sainte-Perpétue, Catherine Chouinard abonde dans le même sens après avoir suivi la formation. « On comprend mieux leur réalité. Avant la formation, j’aurais eu tendance à dire que dans le corridor d’une maison, il faut retirer les cadres pour éviter que la personne s’accroche dedans lorsqu’elle longe les murs. Mais en fait, maintenant qu’on saisit mieux leur perception, on comprend que c’est le tapis au sol qui risque plutôt de poser problème », d’indiquer celle qui croit désormais être en mesure de mieux intervenir auprès de cette clientèle.