L’Islet-Nord privé de service ambulancier durant 6 h

Stéphane Lévesque. Photo : Maxime Paradis.

À leur insu, les gens de Saint-Jean-Port-Joli et des villages environnants ont été privés de leur service ambulancier local durant 6 h, le 13 juillet dernier. Une situation que le représentant de la section locale Saint-Jean-Port-Joli de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec (FTPQ) attribue à une pénurie de main-d’œuvre ambulancière occasionnée par les fameux horaires « de faction. »

Dans les faits, Saint-Jean-Port-Joli et ses environs auraient été desservis par les services ambulanciers de La Pocatière et de Montmagny, si une urgence s’était présentée sur le territoire de L’Islet-Nord. Mais la rapidité d’intervention aurait été de beaucoup diminuée d’affirmer Stéphane Lévesque, représentant de la section locale Saint-Jean-Port-Joli de la FTPQ.

« La découverture totale aurait été de 8 h si l’employeur n’avait pas demandé aux paramédics sur l’horaire “à l’heure” de débuter leur quart de travail 2 h plus tôt », ajoute-t-il.

Cette interruption de service, elle est intervenue la nuit, de mentionner le représentant de la FTPQ, car il s’agissait d’un quart de travail assumé par les ambulanciers travaillant avec un horaire « de faction. » Ces derniers, de garde 24/7, peuvent retourner chez eux et vaquer à leurs occupations quotidiennes, pourvu qu’ils habitent dans un rayon de 5 min de la caserne ambulancière. Les équipes « à l’heure », quant à elles, bénéficient d’un horaire stable, de 8 h à 16 h, mais doivent demeurer en tout temps à la caserne. « La nouvelle génération d’ambulanciers est moins intéressée par les horaires “de faction.” Ils vont essayer quelques mois, et après, ils retirent leurs disponibilités. On se retrouve donc en pénurie de main-d’œuvre et c’est ce qui occasionne des périodes où les services ambulanciers ne sont pas en mesure d’offrir une couverture adéquate du territoire », résume Stéphane Lévesque.

Temps d’intervention diminué

Cette réalité, elle s’ajoute au fait que la rapidité d’intervention d’un ambulancier se trouve déjà diminuée lorsque ce dernier travaille avec un horaire « de faction. » Et c’est sans parler d’une nouvelle méthode de répartition des interventions, instaurée au début 2018, que Stéphane Lévesque considère néfaste au chapitre du temps de réponse du service ambulancier qui l’emploie, dans certaines situations. « Par le passé, les équipes “à l’heure” répondaient aux priorités “urgentes”, alors que les paramédics “de faction” s’occupaient des priorités “moins urgentes.” Aujourd’hui, ce n’est plus ça », indique-t-il.

En effet, les ambulanciers fonctionnant à l’heure ont maintenant pour directive d’intervenir systématiquement à tous les appels entrants, dès qu’ils sont disponibles, et cela, peu importe leur niveau de gravité selon Stéphane Lévesque. Ainsi, l’équipe « de faction » peut maintenant avoir à répondre à des priorités urgentes, malgré son temps de réponse plus long, simplement parce que l’équipe « à l’heure » a été amenée à intervenir sur une priorité « moins urgente » survenue quelques minutes avant.

Stéphane Lévesque estime donc qu’il est plus que temps d’abolir les horaires « de faction » afin d’assurer un meilleur accès aux soins de premières lignes à la population de la région. « Ça devait être temporaire quand on les a instaurés il y a 30 ans », rappelle-t-il.

À ce chapitre, il espère rien de moins qu’une intervention de la députée-ministre Marie-Eve Proulx auprès de la ministre de la Santé Danielle MCCann, à l’image de son collège de Beauce-Nord « Le même problème se posait à Sainte-Marie et le député de la CAQ Luc Provençal a collaboré en début d’année pour faire la conversion des horaires de faction vers des horaires à l’heure. Si on veut en venir à diminuer la morbidité et la mortalité en Côte-du-Sud, il va falloir sérieusement s’y pencher », conclut-il.