L’école de Sainte-Félicité est en mode survie. La pénurie de main-d’œuvre, criante. Le vieillissement de la population, bien réel. Vus du littoral, les défis de L’Islet-Sud semblent énormes, sinon plus importants qu’ailleurs. Mythe, ou réalité? Le Placoteux a voulu vérifier ce qui en est vraiment sur le terrain. Premier arrêt : Saint-Jean-Port-Joli.
Non, nous ne sommes pas dans L’Islet-Sud, mais bien au nord, pas trop loin du fleuve Saint-Laurent. Le préfet René Laverdière a voulu nous rencontrer dans le chef-lieu de sa MRC à Saint-Jean-Port-Joli. Peut-être parce qu’il a l’habitude des déplacements? « L’an passé, j’ai fait plus de 40 000 km de route », s’exclame-t-il.
Également maire de Saint-Adalbert, un village d’un peu plus de 500 habitants à l’ouest de Saint-Pamphile et à 50 km au sud de l’autoroute 20, René Laverdière est visiblement habitué à se déplacer et il ne semble pas trop s’en incommoder. Il sait tout de même qu’une meilleure mobilité s’impose dans tout L’Islet.
Pourtant, depuis 2016, un réseau de transport collectif, Accès L’Islet, sillonne tout le territoire de sa MRC, en plus de se rendre à Montmagny et La Pocatière en fonction des journées. « Il reste encore du travail à faire pour mieux arrimer le nord et le sud de la MRC et adapter davantage le transport collectif aux besoins d’aujourd’hui. Là-dessus, tout le monde est d’accord à la table des maires », confie-t-il.
Souvent opposés par le passé, le Nord et le Sud semblent parler de plus en plus d’une seule voix dans la MRC de L’Islet, même si les réalités demeurent encore fort différentes et que les défis, s’ils peuvent se ressembler à certains égards, se vivent différemment.
« Le vieillissement de la population, ça se vit partout dans L’Islet, pas juste dans le sud. Et c’est une problématique qui est généralisée à tout le Québec », rappelle René Laverdière, sans vouloir la minimiser.
En matière de pénurie de main-d’œuvre, il avoue qu’elle a peut-être débuté bien avant dans L’Islet-Sud. « J’ai été directeur pendant 14 ans chez Maibec à Saint-Pamphile. Avant que je prenne ma retraite il y a quatre ans, c’était déjà commencé pour nous la pénurie de main-d’œuvre, alors qu’ailleurs, on n’en parlait pas autant », ajoute-t-il.
Plusieurs atouts
Malgré ces défis, René Laverdière est de nature optimiste : il croit que les municipalités de L’Islet-Sud ont plusieurs atouts qui leur permettent de se distinguer. Il souligne, entre autres, les 30 M$ d’investissements annoncés une semaine plus tôt par Matériaux Blanchet à Saint-Pamphile. Une somme qui a de quoi rendre jalouses plusieurs municipalités.
Toujours à Saint-Pamphile, il vante la mise en place prochaine d’un service de garderie atypique pour faciliter la vie des parents travaillant les soirs, les nuits et les fins de semaine, un projet qui témoigne de la débrouillardise et de la créativité des gens de L’Islet-Sud.
Enfin, il rappelle le déploiement du réseau fibre optique PureFibre de TELUS qui doit être complété en 2020 et qui permettra à tous les résidents de la MRC de L’Islet, même ceux habitant des rangs éloignés des cœurs villageois, d’avoir accès à un réseau internet à haut débit d’une grande fiabilité. Au total, l’investissement totalise environ 15 M$. « Certains quartiers des grandes villes n’ont même pas encore accès à ça la fibre optique », s’est-il plu à rappeler.
Services de proximité
Néanmoins, le préfet reconnaît que l’accès aux services de proximité demeure toujours une préoccupation. Des sept municipalités composant L’Islet-Sud, quatre ont toujours un établissement scolaire ouvert et deux peuvent encore s’appuyer sur un point de service de la Caisse Desjardins.
Autant de facteurs qui incitent aujourd’hui Saint-Omer, Saint-Pamphile, Saint-Adalbert, Saint-Marcel, Sainte-Félicité, Sainte-Perpétue et Tourville à travailler à l’adoption d’un plan de développement conjoint. Des démarches ont déjà débuté en ce sens et René Laverdière promet que la question des regroupements de services sera également étudiée. « On sait qu’il y a des subventions qui ont été annoncées par le gouvernement pour mener ce genre d’études, mais nous on a décidé qu’on allait de l’avant quand même, subventions ou non », conclut le préfet.