L’ITA céderait sa place à l’ITAQ dès la prochaine rentrée scolaire, du moins selon le souhait du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation André Lamontagne. Des consultations particulières sur le projet de loi sont prévues en janvier prochain et le ministre est convaincu qu’il y aura peu d’opposition à son adoption.
Le dépôt du projet de loi 77 a pris tout le monde par surprise le 26 novembre dernier. L’avenir de l’ITA n’était plus la préoccupation principale partagée par les élus locaux et rien n’émanait du MAPAQ quant à un changement de statut de l’institution, chose réclamée depuis pourtant plusieurs années.
En entrevue avec Le Placoteux, André Lamontagne avoue que cet enjeu a été un des premiers qui lui a été exposé par son ministère lorsqu’il en a pris la tête en novembre 2018. Le projet de loi présenté la semaine dernière est donc le fruit d’un travail entamé en janvier 2019, après avoir obtenu l’aval du premier ministre de se pencher sur cette question.
« On a donné un mandat à un haut fonctionnaire qui a répertorié tout ce qui s’est dit, toutes les réflexions qui ont été faites sur l’ITA depuis des décennies. On est remonté aussi loin qu’en 1992 », s’est-il exclamé.
Une des propositions évoquées au fil du temps et présentées officiellement à l’automne 2016 par le Cégep de La Pocatière suggérait le regroupement des deux campus de l’ITA actuelle avec leurs cégeps de proximité sous le principe d’écoles nationales. Le projet de loi 77 l’écarte catégoriquement au profit de la constitution pure et simple de l’ITAQ avec son propre conseil d’administration.
« La formation à l’ITA est une formation hyper spécialisée qui n’englobe qu’un seul secteur, le domaine agroalimentaire. Il est important de préserver cette mission-là par la mise en place d’une institution qui met l’emphase sur cette vocation unique pour ne pas la diluer avec d’autres », explique André Lamontagne.
La constitution du futur conseil d’administration s’inscrit quant à elle dans la portée nationale que le MAPAQ veut donner à l’ITAQ, dont seront partie prenante les campus de La Pocatière et de Saint-Hyacinthe. Avec les nouvelles dispositions prévues dans le projet de loi qui lui permettront de dispenser autant de l’enseignement collégial que de l’enseignement universitaire ou professionnel de niveau secondaire, l’ITAQ doit être en mesure d’évoluer en fonction des besoins en formation agroalimentaire au Québec, besoins qui ne sont pas seulement de nature « géographiques ».
Des 15 administrateurs qui siégeront sur le conseil d’administration, André Lamontagne rappelle que trois d’entre eux proviendront des lieux d’enseignement actuels, soit La Pocatière et Saint-Hyacinthe, sans oublier les futurs directeur général et directeur des études. Quant aux dix autres administrateurs indépendants qui seront nommés selon ses recommandations, le ministre assure qu’il n’a pas l’intention de le « paqueter » de représentants provenant de la région de Saint-Hyacinthe.
Infrastructures
Le projet de loi 77 prévoit également le transfert à l’ITAQ des propriétés appartenant au MAPAQ et liées à l’enseignement agricole. De l’avis du ministre Lamontagne, cela apportera beaucoup plus de flexibilité dans l’entretien et le maintien de certains actifs, dont la Ferme-école Lapokita.
Lieu d’enseignement pratique des étudiants du campus de La Pocatière, cette dernière est la propriété du MAPAQ, mais le maintien des installations relève de la Société québécoise des infrastructures (SQI). Le sous-financement de ces infrastructures a retenu l’attention dans la dernière année lorsqu’une amende de 10 000 $ a été attribuée à la Ferme-école par le ministère de l’Environnement pour l’écoulement d’eaux contaminées du parc de bovins de boucherie vers un ruisseau affluent de la rivière Saint-Jean.
Des investissements sont prévus prochainement, de mentionner André Lamontagne. Certains s’inscriront dans le Plan québécois des infrastructures 2020-2030 et d’autres pourront être réalisés par l’ITAQ elle-même une fois qu’elle sera dûment constituée. L’Institution disposera des budgets en conséquence et elle pourra aussi demander au Conseil du trésor de faire des emprunts pour bonifier ses installations, à même titre qu’un Cégep, de rappeler le ministre.
Un relèvement des sommes allouées au bon fonctionnement de l’ITAQ est d’ailleurs prévu dans le prochain budget provincial, ne serait-ce que pour être en mesure de bien couvrir certains services qui sont offerts actuellement par la structure ministérielle. Le ministre souhaite que la nouvelle structure soit attachée à la fin du printemps et opérationnelle dès le 1er juillet 2021.