Alors qu’on travaille depuis des années à tenter de produire du gaz naturel liquéfié avec les déchets de table de la région, l’usine de biométhanisation de Rivière-du-Loup change de cap pour produire du gaz comprimé, qui sera acheté à 100 % par l’entreprise Énergir pendant au moins 20 ans.
La nouvelle arrive à point pour les administrateurs de l’usine qui ne parvenait pas à transformer le biogaz produit par les déchets du bac brun en gaz naturel liquéfié. Manque de matière, inondations, problèmes techniques se sont succédé depuis quelques années. Notons que la MRC de Kamouraska envoie ses déchets de table à cette usine, mais ne fait pas partie pour le moment des propriétaires que sont la Ville de Rivière-du-Loup (40%), la MRC de Rivière-du-Loup (40%) et un privé, Terix-Envirogaz (20%).
« C’est une excellente nouvelle. On a fait un excellent choix à l’époque. On pensait que c’était aussi un excellent choix économique », a rappelé le président de la SÉMER (Société d’économie mixte d’énergie renouvelable), Michel Lagacé.
La donne a changé depuis le début des années 2010. Les clients d’Énergir, anciennement Gaz Métro, sont actuellement prêts à payer plus cher le gaz naturel comprimé plutôt que le liquéfié. Même qu’Énergir payera 70 cents le mètre cube, contrairement à 50 cents le mètre cube comme c’était prévu pour le gaz liquéfié.
« Avec les ententes signées aujourd’hui, nos obligations environnementales sont rencontrées et pour nos obligations économiques, ça va répondre aux attentes des citoyens », a ajouté M. Lagacé.
L’usine perd environ 100 000 $ par mois à ne rien vendre et parce qu’elle ne reçoit pas beaucoup de matières putrescibles des citoyens (3600 tonnes plutôt que les 17 000 désirées). Le déficit est de plus de 5 M$.
Pour faire le passage au gaz comprimé, il faudra investir encore, cette fois 2,3 M$ pour un compresseur et des modifications techniques permettant de transporter le gaz comprimé. La ministre Marie-Eve Proulx a été sollicitée à cet effet et aurait bien accueilli la demande, selon les principaux intéressés. Le bureau de Mme Proulx a indiqué qu’il s’agissait d’un projet intéressant et porteur pour la filière du gaz naturel renouvelable. La Sémer déposera son projet et le dossier suivra le processus d’évaluation. On prévoit vendre le gaz à Énergir au début de 2020. Il sera ensuite possible d’estimer combien de temps il faudra pour rattraper le déficit financier.
L’usine de biométhanisation ne dit pas non pour toujours au gaz naturel liquéfié, même si la première goutte se fait toujours attendre. Toutefois, les administrateurs s’entêteront moins et concentreront leurs efforts sur la production du gaz comprimé, pour répondre à l’entente signée avec Énergir.