Jean Martin, du Comité Mes soins restent ici, estime que cette rupture de services à l’Hôpital Notre-Dame-de-Fatima aurait pu être évitée. Il attribue la situation à un manque de planification, et à un désintérêt persistant pour les hôpitaux sous-régionaux.
« La situation actuelle découle d’un départ imprévu. Un membre du personnel avait été engagé pour travailler au bloc opératoire, mais il a décidé de partir. Comme ils sont déjà limités, ça brise la chaîne de travail. Le recrutement en santé est difficile, oui, mais il aurait été possible de faire venir du personnel de l’extérieur. Or, selon ce que l’on m’a dit, on ne voudrait plus payer de primes pour les gens qui viendraient de l’extérieur pour aider. Alors des découvertures comme celles-là, il va peut-être y en avoir d’autres cet été. On ne le souhaite pas, mais ça pourrait arriver. On a l’impression que les petits hôpitaux peuvent se passer de certains services, alors que ce sont justement ceux-là qu’il faut protéger », déplore M. Martin.
Le comité citoyen, actif depuis 2017, s’inquiète de voir se répéter un scénario déjà vécu. « Quand le bloc opératoire a été fermé il y a quelques années, c’était supposément pour quelques semaines, mais il n’y a pas eu d’anesthésiologiste pendant dix mois. L’impact sur les services a été immense. En plus, tous les spécialistes qui venaient de Chaudière-Appalaches n’avaient plus le droit de venir au Bas-Saint-Laurent, parce que c’était supposément le Bas-Saint-Laurent qui devait nous fournir nos spécialistes. Comme il n’y en avait pas ici, cela a provoqué une découverture dans la plupart des services. »
Pour M. Martin, les coupures temporaires ne sont pas si exceptionnelles. « Ce n’est pas la première fois que ça arrive. L’année passée, il y a eu d’autres interruptions, notamment quand des chirurgiens remplaçants ne faisaient pas de césariennes, ce qui rendait impossible la couverture obstétrique. Parce que si le “travail” se passe mal, il faut aller en chirurgie. L’été, c’est la période des vacances. Comme il y n’y a pas beaucoup de personnel, ça met en danger toute la structure », explique M. Martin, qui dit observer une tendance inquiétante : une perte graduelle d’accès aux soins dans la région. « Depuis 2017, on a perdu la moitié des consultations spécialisées qui se faisaient ici. C’est un recul important », conclut-il.