Jusqu’à 20 millions de grillons destinés à être transformés en « farine protéinée » seront élevés à Saint-Pascal aux six semaines. Ce projet est celui de l’entreprise Entomo DSP qui s’est donnée pour mission de devenir la première ferme d’élevage de grillons à grande échelle au Québec.
Les deux instigateurs de ce projet ambitieux sont Maxime Dionne de Saint-Pascal et Antoine St-Pierre de Saint-Philippe-de-Néri. Le premier est un ancien étudiant en administration aux HEC Montréal, tandis que l’autre est chimiste de formation.
Installée dans les anciens locaux de la tannerie à Saint-Pascal, Entomo DSP veut s’attaquer au marché croissant de la « farine de grillons. » Riche en fer, en calcium, en magnésium, en vitamine B12 et avec un ratio en oméga 3 et en oméga 6 comparable au saumon, cette « poudre » est le fruit de la transformation des grillons selon un processus respectant les normes les plus élevées en matière de salubrité alimentaire. Elle sert ensuite à enrichir d’autres produits en alimentation comme des pâtisseries, ou comme supplément de protéines. « En Suède, on va aller jusqu’à ajouter la farine de grillons dans la confection de croquettes de poulet. Sinon, elle est beaucoup utilisée dans les smoothies », d’indiquer Maxime Dionne, à titre d’exemple.
La production de farine de grillons devient donc une alternative supplémentaire aux sources de protéines actuelles, en plus d’offrir un impact environnemental moindre. Parce qu’élever des millions de grillons demande peu d’espace pour un rendement équivalent à de grandes fermes agricoles, d’indiquer Maxime Dionne. De plus, ils se renouvèlent à un rythme phénoménal – une femelle pond jusqu’à 80 œufs par jour – ce qui assure une stabilité de la matière première nécessaire à la production. « Quand on a commencé notre projet, il y a un an, on avait que 50 femelles. Dans peu, nous serons en mesure de fonctionner avec 20 millions de grillons par cycle de six semaines de croissance », de déclarer Antoine St-Pierre.
Forte demande
En devenant la première ferme d’élevage de grillons à grande échelle au Québec, Entomo DSP vise à desservir les transformateurs québécois qui doivent actuellement se tourner vers l’Ontario pour avoir accès à cette « farine. » Les deux entrepreneurs désirent également pousser la vente directe au consommateur sur leur site internet. « Le problème, c’est que la demande dépasse grandement l’offre actuellement. C’est donc un avantage pour nous », d’expliquer Maxime Dionne.
Leur production étant déjà bien enclenchée, Maxime et Antoine estiment être en mesure de commercialiser leur farine d’ici Noël. À terme, l’entreprise désire se bâtir une ferme sur mesure fonctionnant à partir d’énergies vertes. « C’était important pour nous de démarrer notre projet dans la région et c’est important pour nous que notre expansion future se fasse ici également. Notre désir est de profiter au maximum de l’expertise locale pour y parvenir », de mentionner Maxime Dionne.
Entomo DSP a bénéficié de l’appui financier du Fonds d’investissement Côte-du-Sud, de la MRC de Kamouraska, de la SADC du Kamouraska, de Desjardins Entreprises et de la Financière agricole du Québec.