Un ami m’a déjà dit que La Pocatière montrait ses fesses au fleuve, en référence à son bâtiment le plus emblématique, le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, dont la façade est tournée vers le sud au lieu du nord.
L’image a de quoi faire sourire, mais elle porte tout de même à réflexion, car elle fait la démonstration que le Saint-Laurent n’a jamais été une priorité pour La Pocatière et ses voisines de la Grande-Anse. On apprécie, certes, ses qualités esthétiques et visuelles, de telle sorte qu’on ne se gêne jamais pour le montrer en arrière-plan sur une photo aérienne, ou dans une vidéo promotionnelle qui doit servir à séduire les masses. Comme tout bon Kamouraskois chauvin, on adore aussi se rappeler qu’il nous offre quotidiennement les plus beaux couchers de soleil au monde, mais concrètement, on lui tourne le dos la plupart du temps.
En prenant position pour une mise en valeur de la Grande-Anse, c’est un peu ce qu’est venu nous dire Michel Poitras, conseiller municipal à Saint-Roch-des-Aulnaies : « Réveillez-vous, on a un trésor entre les mains et on ne l’exploite pas! » Cette prise de position émerge de plus en plus dans le discours populaire. Elle rejoint aussi celle de l’ancien candidat à la mairie de La Pocatière, Luc Pelletier, qui l’automne dernier plaidait pour développer « notre bord de fleuve », c’est-à-dire des infrastructures pour profiter de cet immense terrain de jeux au potentiel récréotouristique infini.
Occasions ratées
Loin d’être farfelu, il y a sûrement possibilité de réaliser le rêve de ces deux hommes dans le respect de l’environnement de la Grande-Anse et des règlementations déjà en vigueur. Malheureusement, les décisions prises ces dernières années viennent nous démontrer que la volonté politique n’est pas au rendez-vous. La preuve, les quelques infrastructures qui ont été ou qui seront développées dans la Grande-Anse témoignent aujourd’hui d’occasions ratées à vouloir réellement démocratiser davantage l’accès au fleuve.
Le cas de la Maison du Kamouraska est un bon exemple. À l’exception de la halte-marine qui doit y élire domicile et qui propose des activités éducatives autour du marais de la Grande-Anse, de ce que nous savons du projet, il s’agira essentiellement d’un bureau touristique. Si elle avait été réfléchie dans un désir réel de rendre le fleuve plus accessible, elle serait construite pour être opérationnelle durant quatre saisons et on en ferait le point d’accueil pour la pratique de plusieurs activités récréotouristiques dans la Grande-Anse. Les kitesurfers qui sont déjà très nombreux à fréquenter le lieu apprécieraient assurément.
Dans le cas de la Route Verte, elle découle assurément du désir d’un meilleur accès au fleuve entre Saint-Roch-des-Aulnaies et Rivière-Ouelle, mais elle souffre aujourd’hui d’un sous-financement qui fait que la qualité de la poussière de pierre sur la chaussée cyclable varie d’un kilomètre à l’autre, sans parler des infrastructures de détente (tables à piquenique, bancs, gazebos, etc.), qui auraient aussi grand besoin d’un peu d’amour à certains endroits.
Solutions
Il serait pourtant possible d’aller chercher d’autres sources de revenus pour l’entretien de la Route Verte dans la Grande-Anse, tout en rendant le fleuve plus accessible aux touristes et aux résidents de la région en offrant un éventail d’activités récréotouristiques. Michel Poitras croit qu’on devrait s’inspirer de la Société de la piste Jacques-Cartier/Portneuf. L’idée n’est pas bête, mais pourquoi regarder aussi loin? N’existe-t-il pas un autre modèle appelé la SEBKA, à quelques kilomètres à l’est, dont on pourrait s’inspirer pour la Grande-Anse?
Avant d’en arriver là, le temps est peut-être venu pour les Municipalités de la Grande-Anse de se concerter et de réfléchir à la mise en place d’un plan de développement et de valorisation de ses berges. Il serait dommage de laisser passer d’autres occasions dans le futur.