L’accident de travail survenu le 3 juin 2024 à Saint-Pamphile, et ayant coûté la vie à un travailleur de 32 ans de l’entreprise Pelletier Électrique, a conduit à une enquête de La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Le rapport de cette instance vient d’être révélé au public. On peut y lire les conclusions de l’enquête, et les recommandations des inspecteurs afin d’éviter qu’un tel drame se reproduise.
Le jour de l’accident, le travailleur s’affairait sur les nouvelles installations électriques d’une station de pompage des eaux usées de la municipalité de Saint-Pamphile. Il devait retirer le dispositif de sectionnement situé sur un mur extérieur du bâtiment, démonter l’embase et l’interrupteur principal, puis réinstaller ces composantes électriques dans un boîtier de montage résistant aux intempéries.
Après avoir déconnecté les trois fils du dispositif de sectionnement, le travailleur les a redressés avec ses mains afin de les faire passer par une ouverture dans le mur. En procédant ainsi, il a saisi deux des fils toujours sous tension, et en touchant leur partie cuivrée, a reçu une décharge électrique de 600 volts durant quelques secondes, le temps que son collègue utilise l’escabeau — fait d’un matériau non conducteur — pour le libérer de sa position.
Les secours ont ensuite été appelés sur les lieux, et le travailleur a été transporté à l’hôpital où son décès a malheureusement été constaté.
Causes de l’accident
L’accident de travail mortel survenu dans cette station de pompage a été attribué à trois causes principales identifiées par la CNESST. Tout d’abord, le travailleur, en redressant les fils lors de la déconnexion d’un dispositif de sectionnement triphasé, est entré en contact avec deux câbles sous tension, recevant ainsi une décharge électrique fatale de 600 volts. Ensuite, le cadenassage de l’interrupteur principal de l’installation électrique, une mesure essentielle de sécurité, n’avait pas été effectué avant le début des travaux. Enfin, le maître d’œuvre des opérations, en l’occurrence l’entreprise Pelletier Électrique, n’a pas veillé à ce que les travaux électriques soient réalisés conformément à une méthode rigoureuse de contrôle des énergies.
« Les constatations effectuées sur les lieux de l’accident et les témoignages recueillis démontrent qu’à leur arrivée sur les lieux, les travailleurs n’ont pas accédé à l’intérieur de la station de pompage afin de cadenasser l’interrupteur principal pour exécuter leur travail en mode hors tension. Les travaux ont immédiatement débuté à l’arrière du bâtiment », explique Yannick Boutin, inspecteur à la CNESST.
Bien qu’il y ait eu une rencontre au préalable entre la personne en autorité et le travailleur pour discuter des travaux à réaliser, et identifier les points critiques liés à l’énergie électrique de la station de pompage, cette rencontre informelle ne constituait pas, indique-t-on dans le rapport, une forme de contrôle adéquat de la part de l’employeur, même si on reconnaît que chez les plus petits entrepreneurs, ce type de rencontre
Comment éviter un tel accident
Pour prévenir les accidents lors de travaux sur des appareillages ou des installations électriques, plusieurs solutions doivent être mises en place. Il est essentiel d’instaurer une méthode de contrôle des énergies afin de maintenir les équipements hors tension pendant les interventions. Lorsque le travail sous tension est inévitable, des méthodes et techniques sécuritaires conformes à la norme CSA Z462:2024 sur la sécurité électrique au travail doivent être appliquées.
Les employeurs ont également la responsabilité de fournir aux travailleurs des équipements de protection individuels (ÉPI) adaptés à la tâche et au niveau de risque. Enfin, les personnes en autorité doivent exercer un contrôle réel et actif pour s’assurer que le personnel respecte rigoureusement les directives et les procédures de travail établies.
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST demandera à la Corporation des maîtres électriciens du Québec, à l’Association des constructeurs-propriétaires en électricité et des électriciens d’entretien du Québec, à la Fédération québécoise des municipalités, ainsi qu’à l’Union des municipalités du Québec d’informer ses membres des conclusions de l’enquête. La CNESST rappellera également la nécessité de travailler hors tension en utilisant le cadenassage comme méthode de contrôle de l’énergie électrique, notamment lors du branchement d’appareillage électrique.