Né à Saint-Pascal, PQ – mort à Dieppe, France

Je savais que la dernière étape de mon voyage serait la plus difficile. J’étais au cimetière militaire des Vertus pour le 75e anniversaire du Raid sur Dieppe. J’ai perdu cette année un ami, un vétéran nommé Jacques Nadeau, qui, en 1942, a été fait prisonnier par les Allemands sur la plage sanglante de Dieppe. Je suis donc arrivé là le cœur gros. Mes sinus aussi, mais ça, c’est une autre histoire.

Nicolas Paquin

Le Raid sur Dieppe, c’est une dizaine de régiments, majoritairement canadiens. À cette époque, ce sont eux les mieux organisés : les Anglais se remettent peu à peu de leur défaite à Dunkerque, et les Américains ne sont en guerre que depuis huit mois. Sauf que l’opération, mal préparée par Lord Mountbatten, est un fiasco. Le seul régiment francophone, les Fusiliers Mont-Royal, débarque à cause d’une mauvaise information sur l’état de la plage. C’est l’enfer pour ses soldats, et plusieurs restent sur la plage : blessés, prisonniers… ou morts.

Parmi eux, un petit gars de Saint-Pascal.

Qui était Ernest Mignault?

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai vu cette pierre, où il est écrit : E. Mignault, né à St-Pascal, comté de Kamouraska, PQ, du mariage de Joseph et Alvine Mignault. Pas une fleur, pas une photo. Rien. Juste un gars de 39 ans. Caporal. Probablement pas marié ni père. Sans doute un militaire de carrière. Mais un gars de chez nous. Il avait mon âge quand ses yeux se sont fermés pour l’éternité.

Et vous savez quoi? Ça m’a secoué. Secoué de penser que si je mourais aujourd’hui, dans un pays étranger, personne ne viendrait jamais plus se recueillir sur ma tombe. Et je sombrerais dans l’oubli. Et je mourrais pour une deuxième fois. J’ai trouvé ça injuste. Pour Ernest.

Qui était-il, Ernest Mignault, fils du Kamouraska? Je n’en sais rien. Sinon que ses parents se sont mariés à Nashua, au New Hampshire. Nashua, c’est une grosse ville américaine peuplée de Lévesque, de Lemieux, de Dion, qui ont été travailler là plutôt que de gagner leur ciel dans le dénuement que prônait l’Église catholique d’alors. Son maire s’appelle Lozeau… Ça ne s’invente pas. Alors je suppose facilement : Ernest, fils d’une famille pauvre revenue des States, un peu apatride, s’enrôle pour avoir un salaire, une stabilité, et finit sa vie abattu par un tir nazi lors de la plus grande défaite militaire canadienne. Loin des siens.

Appel à tous

Je croyais vous raconter mon séjour à Dieppe. L’accueil magnifique. Les cérémonies. Mais finalement, j’ai soigné une sinusite entre des séances de dédicaces. Pas glorieux. Et re-finalement, j’ai eu en tête le nom d’Ernest Mignault pendant tout le séjour. Je fais donc un appel à vous, gens du Kamouraska : vous avez connu Joseph et Alvine Mignault? Ou leurs enfants, s’ils en avaient d’autres? Y a-t-il un lien avec le Chemin Mignault, à Saint-Pascal? Vous avez de l’information au sujet de cette famille qui a perdu un des siens à la guerre, en 42? Faites-moi signe! Pour toute information concernant Ernest Mignault, communiquer directement au journal au 418 492-2706 poste 105.