Le 9 mars dernier, Norbert Morin annonçait qu’il mettrait un terme à sa carrière politique provinciale, à la fin de son actuel mandat. Boucher de formation, il a siégé pendant plus de 14 ans à l’Assemblée nationale du Québec et près du double au conseil municipal de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud. Retour sur plus de 40 ans de vie politique motivés principalement par la passion et le désir de servir.
Question (Q) : D’où vient votre appétit pour la politique?
Réponse (R) : D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été impliqué dans différentes organisations. Avant d’être en politique municipale, je m’occupais des loisirs et je siégeais sur le conseil d’administration de la Caisse Desjardins à Saint-François. C’est là que j’ai constaté que les jeunes n’avaient pas grand-chose avec quoi s’amuser dans le village. J’avais le goût de faire une différence et d’améliorer leur qualité de vie, mais aussi celle des gens en général. C’est ce qui m’a motivé à me faire élire au conseil municipal.
Q : En parallèle de votre rôle de conseiller municipal, vous vous étiez aussi impliqués dans l’association libérale de votre comté. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de vous présenter député?
R : Il faut savoir être patient. J’ai fait mes premières armes en politique en étant organisateur de campagne pour Réal Gauvin qui a été député de Montmagny-L’Islet de 1985 à 2003. Dès qu’il a été élu, je l’ai mis en relation avec Christiane Bombardier, une bonne amie à moi, qui est restée son attachée politique pendant 18 ans. Quand Réal a annoncé qu’il ne se représentait pas, j’avais le goût de me lancer, mais quand j’ai su que Christiane avait de l’intérêt, j’étais prêt à laisser tomber. C’est le Parti qui m’a convaincu de me présenter à l’investiture contre elle. J’ai été élu, tout le monde s’est rallié, mais ç’a quand même laissé des séquelles. J’ai perdu deux amis pendant plusieurs années. Heureusement, le temps arrange les choses.
Q : Vous n’avez pas été réélu à l’élection générale de 2007. Comment avez-vous vécu cela?
R : Je l’ai pris personnel. Je m’étais tellement donné que je ne m’attendais pas à un tel résultat. Je l’ai pris difficilement et j’ai mis quelque temps à me remettre. Avant de me représenter en 2008, j’y ai beaucoup réfléchi. Mon entourage me travaillait fort, mais c’est mon fils qui m’a convaincu de retenter ma chance. Venant de lui, ça m’avait surpris et c’est ce qui m’avait fait le plus réfléchir. Je n’ai jamais regretté mon choix et j’ai vécu que des belles années depuis ce temps-là.
Q : Vous êtes député de Côte-du-Sud depuis 2012, élection où Kamouraska a été ajouté au comté de Montmagny-L’Islet. Souvent, les gens avaient l’impression que vous étiez moins à l’aise dans l’est que dans l’ouest du comté. Comment l’expliquez-vous?
R : C’est que je connaissais moins le Kamouraska au début, mais grâce aux rencontres avec les citoyens et les organismes, j’ai appris à mieux connaître cette partie du comté. Maintenant, j’en suis amoureux et admiratif. En fait, ce que j’ai trouvé un tantinet plus difficile avec la refonte de la carte électorale, c’est la fusion entre les deux associations libérales. Au début, elles avaient des visions différentes. Ç’a pris quelques rencontres avant qu’elles se rejoignent sur un terrain commun.
Q : De quoi êtes-vous le plus fier dans votre parcours de député?
R : Il y a tellement de projets! En 2003, je parlais de qualité de vie, mais on dirait que je ne savais pas trop ce que ça voulait dire. Aujourd’hui, j’ai conscience que la qualité de vie s’est améliorée partout dans le comté. Ne serait-ce que les infrastructures routières ou d’assainissement des eaux. Il ne reste pratiquement plus de municipalités en 2018 qui n’ont pas de réseaux d’aqueduc ou d’égouts. Ça, c’est un travail formidable dont je suis très heureux d’avoir contribué.
Q : Simon Laboissonnière a mentionné qu’il serait candidat à l’investiture libérale dans le comté. Une autre candidature pourrait être annoncée, éventuellement. Vous avez souhaité une convention dans Côte-du-Sud et que vous donneriez votre appui à celui ou celle qui la remportera. Quel conseil donneriez-vous à votre successeur?
R : Il ne faut pas voir ça comme un travail. Être député, c’est un don de soi, tous les jours. C’est sûr qu’il y a des samedis matins où tu préférerais rester en famille, mais il faut être disponible, sur le terrain et à l’écoute des citoyens le plus possible. Il faut aussi savoir s’entourer du bon personnel à notre bureau de comté, car c’est eux qui sont nos yeux et nos oreilles quand nous sommes à l’Assemblée nationale.
Q : Quels sont vos projets une fois que la politique sera derrière vous?
R : Retourner travailler à la boucherie, mais pas à 65 h/semaine non plus! Prendre du temps en famille également. Faire ma pelouse à la maison, j’ai toujours adoré ça et demeurer actif auprès de l’association de comté, même si je me retire de la politique active. C’est difficile de sortir la politique de l’homme, il faut bien l’admettre…