Nouveaux arrivants recherchent maison de campagne désespérément

Ils arrivent de la ville et comme leurs arrières arrière-grand-parents, ils espèrent un beau petit lopin de terre sur lequel poser leurs pénates. Mais voilà que ce rêve, jadis encore accessible, semble de plus en plus difficile à réaliser. Et non, détrompez-vous, il n’est nullement question ici des paroles de la chanson Dégénérations de Mes Aïeux, mais plutôt d’une problématique rencontrée par plusieurs nouveaux arrivants qui désirent s’installer au Kamouraska.

Installée au Kamouraska depuis cinq ans, Odile Flibotte se souvient très bien de la facilité qu’elle a eue à trouver une maison de campagne en location, à l’époque. Aujourd’hui agente de migration pour Place aux jeunes en région, elle accompagne les nouveaux arrivants qui ont choisi de s’installer dans la région, notamment dans leur recherche de logis. Elle est donc à même de constater la rareté qui est en train de s’installer de ce côté, car la maison de campagne en location, c’est souvent le port d’attache privilégié par les migrants qui désirent s’installer dans la région.

C’est le cas notamment de Rebecca Roy et de son conjoint, Paul-Émile Garon. Parents d’un jeune enfant de six mois et propriétaires de deux chiens, ils rêvent de quitter Victoriaville pour élire domicile au Kamouraska. À l’image des autres migrants issus de milieux urbains, ils désirent louer une maison de campagne qui offre assez grand de terrain pour se faire un petit potager. Après plus d’un an de recherche, dont trois mois plus intenses avec la complicité d’Odile Flibotte, ils ne trouvent toujours rien. « On a décidé de faire une journée exploratoire dans la région pour intensifier nos recherches. On a jumelé ça avec un entretien d’embauche pour Paul-Émile. Mais pour le moment, on s’inquiète plus de ne pas trouver un logement adéquat qu’un emploi », d’indiquer Rebecca.

« Ils arrivent déjà d’un appartement. Et acheter une maison dès leur arrivée est peut-être un trop gros pas à franchir, alors qu’ils ignorent encore s’ils se plairont ou non dans la région. » – Odile Flibotte

Pénurie réelle?

Dans les faits, Odile Flibotte mentionne qu’il n’y pas de réelle pénurie de logements au Kamouraska. Saint-Pascal et La Pocatière seraient très bien pourvus à ce chapitre. « Mais ce n’est pas ce que les nouveaux arrivants recherchent », ajoute-t-elle.

Ceux-ci, qui sont souvent en couple depuis quelques années, choisissent de quitter la ville à la recherche d’une meilleure qualité de vie pour fonder une famille ou élever leurs enfants. « Ils arrivent déjà d’un appartement. Et acheter une maison dès leur arrivée est peut-être un trop gros pas à franchir, alors qu’ils ignorent encore s’ils se plairont ou non dans la région », précise-t-elle.

« Même si on voulait acheter, on n’a pas encore d’emplois stables, donc les institutions financières sont souvent récalcitrantes à vouloir nous prêter », de renchérir Rebecca.

Diminuer les attentes

Dans ces circonstances, Odile Flibotte n’a pas d’autres choix que de diminuer les attentes des nouveaux arrivants. « C’est dommage, car le Kamouraska est très en vogue actuellement auprès des gens qui veulent effectuer un retour en région. Dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre que nous vivons, on ne peut pas se permettre de perdre ses futurs arrivants au profit d’autres MRC », mentionnant du même coup travailler sur les dossiers d’une trentaine de personnes désireuses de s’établir au Kamouraska à court terme et ayant des attentes similaires en matière de domicile.

C’est pourquoi à moyen ou long terme, elle craint que cette situation nuise à l’attractivité de la région auprès des futurs migrants, ou même causer une explosion des prix des quelques maisons de campagne en location sur le marché, étant donné la demande supérieure à l’offre.

De leur côté, Rebecca et Paul-Émile semblent déterminer à s’installer au Kamouraska, coûte que coûte. Ils espèrent trouver la maison de leur rêve en location pour y emménager au début de l’été. « Si on ne trouve pas, on se tournera vers un appartement, même si ce n’est pas ce que nous désirons », concluait-elle.