Nuances sur l’augmentation du niveau du Fleuve au Kamouraska

SAINT-PASCAL – Le 5 décembre dernier, en pleine Conférence de Paris sur les changements climatiques, le groupe américain Climate Central présentait une carte mondiale de la hausse du niveau de la mer, en fonction d’une augmentation des températures de 2 °C ou de 4 °C. Après consultation auprès de la coordonnatrice en Service de gestion intégrée de l’eau de la MRC de Kamouraska, Valérie Labrecque, cette carte négligerait certains éléments importants.

Selon la carte présentée de Climate Central, tout le secteur de la Grande-Anse à La Pocatière et à Rivière-Ouelle serait particulièrement enseveli sous l’eau, advenant une augmentation des températures de 2° ou de 4°, d’ici la fin du siècle. Il en allait de même pour d’autres municipalités riveraines comme Saint-Denis, Kamouraska et Saint-André. Ces terres, appelées la première plaine, sont effectivement à risque. Par contre, la présence des digues et des aboiteaux devraient amoindrir la situation. « À Saint-André, la digue a été rehaussée. Elle est maintenant à 4,5 m. À Kamouraska, l’aboiteau a aussi été rehaussé. Pour les aboiteaux agricoles, pour le moment ça va, mais si ça augmente davantage, on devra regarder régionalement ce qu’on fait avec ça », d’indiquer Valérie Labrecque. En effet, si l’eau du Fleuve, salée à la hauteur du Kamouraska, débordait fréquemment sur les terres de la région, la situation pourrait devenir catastrophique pour les agriculteurs de chez nous. 

De plus, comme le rappelait la coordonnatrice, une autre donnée doit aussi être prise en considération quand on parle d’augmentation du niveau de la mer chez nous. « Le continent nord-américain se relève encore suite à la dernière glaciation, donc pour l’instant, ça annule pratiquement l’augmentation du niveau de l’eau. » Autrement dit, oui il y aura augmentation, mais un scénario pessimiste à 4,7 m, tel que suggéré par certaines cartes, semble improbable d’ici la fin du siècle. D’autant plus qu’une augmentation des températures n’entraînera pas automatiquement la fonte de toutes les glaces. « D’ici 2055, on parle d’une augmentation du niveau du Fleuve de 24 cm pour notre région », de préciser Valérie Labrecque.

Étude d’Ouranos

Devant l’inévitable réalité des changements climatiques, la MRC a jugé bon de faire une étude à caractère économique, avec le consortium Ourasnos, et sur notre capacité d’adaptation. « Le but est d’évaluer plusieurs scénarios et leurs aspects économiques, mais pas juste financiers », de préciser madame Labrecque. Parmi les aspects étudiés, des recommandations seront fournies afin d’adopter des mesures qui seront avantageuses au plan économique. « C’est un outil qui sera pris en considération lors de décisions futures concernant l’aménagement du territoire », ajoutait-elle.

Parmi les secteurs étudiés, notons le rang de l’Éventail à Rivière-Ouelle et la Grande-Anse à La Pocatière. L’étude, qui aura duré un an, fera connaître ses conclusions à la fin février.