L’organisme de bassins versants de Kamouraska, L’Islet et Rivière-du-Loup OBAKIR souhaite voir s’établir des corridors fauniques dans la plaine du Kamouraska. Pour y parvenir, les producteurs agricoles devront toutefois mettre l’épaule à roue en contribuant davantage à l’aménagement de haies brise-vent sur leurs terres, si ce n’est pas déjà fait.
Les corridors fauniques consistent essentiellement à rétablir des espaces naturels permettant la libre circulation des espèces au sein d’environnement qui seront plus propices à les accueillir. Au fur et à mesure que l’homme s’est approprié le territoire, ces corridors ont tout simplement disparu afin de laisser place aux différentes activités humaines.
Une étude de 2018 intitulée Analyse de la connectivité faunique pour des espèces forestières réalisée par l’Agence régionale de mise en valeur des forêts privées du Bas-Saint-Laurent en témoigne. En faisant ressortir l’urbanisation et l’agriculture comme étant les principaux usages du sol contribuant à la fragmentation des îlots naturels, principalement en bordure du fleuve, l’Agence cherchait à se doter d’un outil de connaissances en ce qui concerne les territoires privés du Bas-Saint-Laurent afin de mieux relier entre eux ces îlots et favoriser le déplacement de la faune.
Chez OBAKIR, le chargé de projets et responsable du Plan Directeur de l’Eau (PDE) Antoine Plourde-Rouleau mentionne que son organisation souhaite voir se rétablir ces corridors fauniques dans la plaine du Kamouraska et qu’une volonté politique va également dans ce sens du côté du gouvernement du Québec et de l’UPA, notamment, par le biais de différents programmes de subvention. Une activité au champ réalisée à la Ferme Sudri de Rivière-Ouelle, le 22 octobre dernier, s’inscrivait d’ailleurs dans cette logique.
« L’aménagement de haies brise-vent, de bandes riveraines élargies ou la conservation d’îlots boisés sont des façons de contribuer à la reconnectivité faunique. L’idée est de pouvoir remettre en valeur des réseaux d’habitats naturels à proximité des terres agricoles qui permettront à des animaux de se nourrir ou des oiseaux de pouvoir procéder à leur nidification », résume-t-il.
Avantages
Si la restitution des bandes riveraines afin de recréer une zone tampon entre le cours d’eau et les activités humaines est une approche bien connue pour ses vertus environnementales positives, tout comme les haies brise-vent en matière d’érosion éolienne et de protection du sol contre le gel, les avantages fauniques, eux, sont plus rarement communiqués. Des questions à cet égard ont d’ailleurs été adressées par les producteurs agricoles présents lors de l’activité du 22 octobre.
« Les services rendus par les oiseaux et les pollinisateurs qui trouvent refuge dans les haies brise-vent sont pourtant bien documentés et concrets. On peut parler dans certains cas jusqu’à 130 000 insectes par jour qui peuvent être éliminés par les oiseaux, dont plusieurs ravageurs, par le simple fait qu’ils se tiennent à proximité d’une haie brise-vent. Pour un producteur agricole, on peut penser à diminuer l’usage de pesticides dans un contexte comme celui-là », ajoute Antoine Plourde-Rouleau.
Les témoignages de producteurs agricoles heureux et satisfaits d’avoir procédé à l’installation de haies brise-vent sont également nombreux, de l’avis du chargé de projets, au point où le Kamouraska tirerait également son épingle du jeu à l’échelle du Bas-Saint-Laurent par rapport à l’intérêt qu’ils portent à ce type d’aménagement. OBAKIR estime donc qu’il faut le faire savoir davantage et pas simplement faire ressortir ce qui doit encore être amélioré.
Environ 25 participants prenaient part à l’activité du 22 octobre à Rivière-Ouelle, dont plusieurs du Groupe conseil agricole de la Côte-du-Sud. Un service d’accompagnement dans l’aménagement de bandes riveraines élargies et de haies brise-vent doit d’ailleurs être mis en place par cette organisation, de confier Antoine Plourde-Rouleau. Il est prévu qu’OBAKIR intervienne en soutien, au besoin.