Les organismes culturels du Kamouraska tirent le diable par la queue

Problème de recrutement de main-d’œuvre, difficultés financières, bénévoles qui se font rares. Les organismes culturels du Kamouraska sont nombreux à tirer le diable par la queue. Deux d’entre eux en plus d’un bénévole impliqué ont accepté de témoigner de ces problématiques rencontrées par leur organisation.

Vice-président de la Corporation historique et culturelle de Rivière-Ouelle, responsable de la mise en valeur et de l’exploitation de l’École Delisle, Philippe Dubé a été le premier à nous contacter pour sonner l’alarme. Précisant parler en son nom personnel et non pas au nom de l’organisation qu’il représente, il s’est dit inquiet par rapport à l’avenir. « Une des principales causes qui explique les problèmes des organismes culturels, à mon avis, c’est le désengagement de l’État par rapport à la culture. Tout finit par reposer sur les épaules des organisations », déplore-t-il.

Ce qui l’a amené à ce constat, c’est la difficulté que la Corporation a éprouvée cette année à embaucher un étudiant pour animer les visites à l’École Delisle, ouverte six semaines durant l’été à raison de cinq jours par semaine. « On aimerait bien embaucher une personne retraitée et être ouvert plus longtemps, mais il n’y aucun programme d’incitation à l’emploi qui nous le permet et nos revenus ne le permettent pas », regrette-t-il.

Cercle vicieux

À la Corporation régionale de la Salle André-Gagnon, ce problème de ressources humaines est également lié au manque de ressources financières. Même si l’organisme n’est pas en mauvaise posture, il ne dégage pas de surplus suffisants non plus pour être en mesure d’embaucher une ressource supplémentaire qui viendrait en aide à la directrice générale, Doris Ouellet. « Il y a des sous qu’on pourrait aller chercher, ici et là, à la MRC ou à l’échelle bas-laurentienne, mais les enveloppes ne sont pas nécessairement abondantes. Plutôt que d’embaucher quelqu’un de façon très temporaire qui ne pourra pas mener un projet à terme, on préfère s’abstenir, car on ne peut pas se permettre que ça retombe dans ma cour alors que je suis déjà débordée », a-t-elle expliqué.

Même son de cloche au Centre d’art de Kamouraska, où les difficultés financières de l’organisme ont poussé la codirectrice de l’organisme, Ève Simard, à quitter pour son congé de maternité trois mois plus tôt, l’an dernier. « Ma codirectrice, Véronique Drouin, s’est retrouvée avec une charge de travail gigantesque du jour au lendemain, sans qu’on puisse réellement faire un bon transfert de dossiers », d’expliquer Ève.

Cette situation s’est même répercutée jusqu’au conseil d’administration où 60 % des administrateurs ont décidé de quitter en raison de ce contexte difficile. « Durant plusieurs mois, on a jonglé avec la fermeture pure et simple du Centre d’art. Un travail colossal a été fait avec le nouveau CA pour redresser la situation », d’ajouter Véronique Drouin.

Malgré tout, les deux codirectrices assurent que l’organisme est loin d’être sorti du bois. « Depuis plusieurs années, on espère avoir accès à une subvention au fonctionnement du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) qui nous permettrait de sortir un peu la tête de l’eau. Toutes nos dépenses pour nos projets et nos expositions, qui peuvent expliquer en partie nos déficits, ont été orientées pour répondre aux critères d’admissibilité. À notre dernière demande, on s’est fait dire que notre dossier était nickel, mais qu’on n’aurait pas la subvention parce que nous sommes déficitaires. C’est un vrai cercle vicieux. »