Les paramédics, des « oubliés du système » 

Des paramédics de Saint-Alexandre estiment que trop de peu de gens connaissent leur réalité et qu’ils sont les « oubliés du système ».

Un peu comme certains reprochent aux professeurs de se plaindre alors qu’ils sont en congé tout l’été, les paramédics se font souvent dire qu’ils sont bien payés et qu’ils ont de beaux horaires, sept jours en congé et sept jours à attendre les appels.
« On a effectivement le plus beau métier du monde. Mais il y a deux côtés à une médaille », lance Denis Landry. Il est paramédic depuis 30 ans. Avec Mario Bouchard et Aline Nadeau, qui cumulent aussi 30 ans d’expérience chacun, ils ont accepté de parler à cœur ouvert de leur métier.

Les oubliés

Ils remarquent qu’on les oublie souvent lors de tragédies et d’interventions. « On parle plus souvent des policiers que des pompiers. Pourtant notre rôle est très important aussi », lance Denis Landry, qui en a sauvé, des vies, au fil du temps.

« On ne sait pas trop pourquoi on en est venu à être un peu laissés derrière, c’est comme une habitude qui s’est créée », ajoute Mario.

D’autant plus que l’importance de leur rôle n’a jamais été aussi flagrante. En effet, il y a 30 ans, ils transportaient des malades, se souvient Denis. Aujourd’hui, les actions qu’ils doivent poser sont de plus en plus nombreuses.

Les horaires

Ils ne changeraient pas de métier pour rien au monde. Ce métier leur a fait connaître de grands moments de joie et d’autres de stress intense.

Certains ont aidé une maman à accoucher, dont le bébé, à l’âge de 16 ans, a tenu à les rencontrer pour les remercier.

À l’opposé, chaque 24 décembre depuis 28 ans, deux d’entre eux ont une pensée pour une scène particulièrement horrifiante d’un accident de voiture qui les a marqués.

« Les gens nous disent, vous êtes bien avec vos horaires. 7 jours à la maison et 7 jours à attendre les “calls”. La réalité n’est pas si évidente », affirme Aline. Les paramédics sont partagés lorsqu’il est question de cet enjeu. Dans les faits, des horaires à l’heure seraient sans aucun doute plus sécuritaires puisque les ambulanciers sont dans leur camion, toujours prêts à répondre à un appel. Sur un horaire de 7 jours, ils sont parfois couchés, à la maison et doivent déneiger leur automobile.

« Oui, ton ménage est fait et tu as plusieurs congés d’affilée avec ces horaires-là. Mais te réveiller la nuit en plein hiver ou bien devoir garder une gardienne 24 h sur 24 à la maison alors que tu es présent et manquer la fête à ton frère, c’est aussi ça la réalité », lance Denis Landry.

Reculs?

Les paramédics font beaucoup parler d’eux ces temps-ci. Plusieurs sont en grèves et les négociations sont difficiles, quant à leur convention collective qui est échue. Les paramédics doivent négocier avec l’entreprise privée ou les coopératives qui les gèrent, selon la décision du ministre de la Santé.

Pour le moment, à Saint-Alexandre, le syndicat des ambulanciers n’est pas en grève, mais il n’est pas exclu que ce soit le cas éventuellement. Les ambulanciers pourraient alors arrêter de laver leur véhicule et ne plus remplir certaines paperasses administratives. Le service au citoyen ne serait pas affecté.

Malgré ce climat, ils se disent toujours aussi passionnés de leur métier. « Surtout en région. On connaît les gens, ils nous connaissent. Ils nous laissent entrer chez eux, dans leurs intimités et nous font confiance. C’est très gratifiant », concluent-ils.