Parcs industriels : Les inquiétudes du milieu pocatois fondées

Entreprise en construction dans le parc Charles-Eugène-Bouchard à La Pocatière. Photo : Archives

Le milieu pocatois devra-t-il tourner le dos à des industries qui veulent s’installer à La Pocatière ou à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, advenant la saturation de ses deux parcs industriels? Vérification faite, tout porte à croire que oui, selon le schéma d’aménagement actuellement en vigueur à la MRC de Kamouraska.

Cette crainte de devoir refuser des industries à moyen terme survient à un moment où le parc de l’Innovation, où se concentrent principalement les industries de hautes technologies, et le parc Charles-Eugène-Bouchard, consacré davantage à l’industrie lourde, n’auront pratiquement plus de terrains pouvant accueillir de nouvelles industries à moyen terme. Dans le cas du premier, une nouvelle entreprise doit bientôt s’y installer, alors que dans le second, deux entreprises sont actuellement en train d’y élire domicile.

Rosaire Ouellet, maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, est le premier à avoir évoqué que le milieu pocatois pourrait ne plus avoir de terrains industriels disponibles, une fois les deux parcs remplis à pleine capacité, en raison de ce règlement inscrit dans le schéma d’aménagement. Catherine Langlois, directrice du Service de l’aménagement et de la mise en valeur du territoire à la MRC de Kamouraska, a confirmé ces propos.

« Cela découle des orientations gouvernementales en aménagement du territoire qui sont en vigueur depuis pourtant plusieurs années. La seule raison pourquoi on ne l’a pas vraiment ressenti avant, au Kamouraska, c’est parce que le schéma actuel a été révisé tardivement, en 2016. Essentiellement, ce que ça introduit, c’est un principe d’optimisation des espaces industriels sur tout le territoire de la MRC », résume-t-elle.

Comme deux pôles industriels, ou « parcs », sont reconnus à l’échelle du Kamouraska – La Pocatière et Saint-Pascal —, indépendamment d’espaces parsemés ici et là sur le territoire et considérés comme étant des droits acquis, aucun autre parc industriel ne pourra voir le jour à La Pocatière lorsque Charles-Eugène-Bouchard et de l’Innovation seront saturés, s’il reste des terrains disponibles à Saint-Pascal. « Autrement, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) nous dirait de revenir le voir lorsqu’on serait plein partout », poursuit Catherine Langlois.

La directrice du Service de l’aménagement et de la mise en valeur du territoire rappelle que c’est ce principe qui a guidé le refus du dézonage agricole demandé par La Pocatière il y a quelques années, mais octroyé à Sainte-Anne-de-la-Pocatière dans le cadre du projet de parc bioalimentaire à proximité du CDBQ. « Même si on cherchait à faire valoir l’argument de la complémentarité avec le CDBQ, on a regardé globalement la demande de La Pocatière, et on l’a refusée sur la base qu’il y avait de l’espace disponible dans le parc Charles-Eugène-Bouchard. »

Le même principe s’appliquerait également pour une demande de dézonage visant à créer un nouveau projet domiciliaire. Outre ceux qui peuvent se réaliser à l’intérieur des périmètres urbains existants, comme celui annoncé au Domaine des Oblats à La Pocatière, Catherine Langlois mentionne qu’il sera difficile pour les municipalités du Kamouraska de penser pouvoir développer de nouvelles zones résidentielles sur des terres zonées agricoles, tant que tous les développements domiciliaires kamouraskois ne seront pas remplis au maximum de leur capacité. « Densifier, contrôler l’urbanisation, mettre de l’avant le développement durable et freiner l’étalement urbain, c’est essentiellement ce qui guide le MAMH dans ses orientations. »

Des alternatives

Catherine Langlois a tout de même soulevé des alternatives pour les municipalités kamouraskoises comme La Pocatière, qui se retrouveront confrontées à une problématique de développement industriel à moyen terme. Il y aurait, entre autres, la possibilité de revaloriser de vieux immeubles industriels désaffectés en zone agricole, ou de donner un usage industriel à une zone à l’abandon en périmètre urbain, dans le respect de la cohabitation avec les autres usages — résidentiel, commercial, etc. — à proximité.

« Le schéma n’est pas vieux, donc les maires font parfois le saut quand ils découvrent qu’ils ne peuvent pas développer comme ils le voudraient. C’est confrontant, et il va falloir continuer à chercher des alternatives, mais des levées de boucliers, je crois qu’on n’a pas fini dans voir dans le futur. »