Éditorial : Pas de problème avec les « climats toxiques »

Marie-Eve Proulx. Photo : Maxime Paradis.

François Legault n’est pas troublé et qualifie de régie interne le fait que d’ex-employés de la députée et ministre Marie-Eve Proulx se soient plaints d’insultes, de harcèlements, d’intimidation et de « climat toxique » au sein de son entourage.

Le Parti québécois a pratiquement excusé la ministre, affirmant qu’elle en avait trop grand à gérer avec Chaudière-Appalaches, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, et que la solution passerait par un allègement de sa tâche. Le Parti libéral a visiblement décidé de se concentrer sur autre chose.

Depuis quand personne ne fait de cas de telles allégations, qui, rappelons-le, n’ont pas été clairement contredites par le premier ministre et la députée elle-même? Dans un contexte où on exige des gens en autorité de montrer l’exemple, il a été décidé cette semaine que Marie-Eve Proulx ne passerait pas dans le tordeur et que la vie continuerait comme si de rien n’était. Quel manque de respect pour les gens de son comté et les victimes alléguées!

C’est comme si la CAQ cautionnait des agissements qui, s’ils sont avérés, sont grandement déplorables. L’excuse d’un trop grand territoire à couvrir ou d’une équipe novice en la matière n’autorise pas de faire régner un climat que plusieurs auraient visiblement choisi de quitter non sans avoir été écorchés. Le cabinet du premier ministre a dû intervenir, mais il a été décidé que la situation n’était pas assez « grave » pour changer les fonctions ou taper sur les doigts de Mme Proulx.

Faut-il s’en surprendre? François Legault a quand même fermé les yeux une première fois l’automne dernier sur l’attitude de sa vice-première ministre Geneviève Guilbault, dont l’ambiance dans ses bureaux semblait finalement celle d’un jardin d’enfants si on compare avec le climat qui régnait dans ceux de Marie-Eve Proulx. Par contre, Mme Guilbault a toujours au moins eu la décence de s’excuser publiquement auprès de ses anciens employés et de justifier ses propos controversés, ce que nous n’avons toujours pas eu droit de la part de Marie-Eve Proulx.

« Méfiante et suspicieuse, Mme Proulx ne se gênerait pas pour “ridiculiser”, “engueuler” et “réprimander” un employé devant le reste du personnel, voire même en public, ont raconté ceux qui ont accepté de se confier au Journal de Québec », peut-on lire. Les citoyens représentés par Mme Proulx restent donc sur leur appétit et une fois la surprise passée, demeurent dans le doute quant à la suite. Certains ont peut-être même perdu confiance.

Si personne n’exige sa démission avec cela, alors que l’opposition est parfois plus vite sur la gâchette pour beaucoup moins, c’est probablement parce que Mme Proulx n’occupe pas un poste de premier plan au sein du gouvernement. Maintenant, son équipe et elle doivent concentrer leurs énergies sur les gens de Côte-du-Sud et de l’Est-du-Québec, qui gagneraient à être rassurés.