Pénurie de main-d’œuvre dans Kamouraska-L’Islet : un bas taux de chômage qui nuit aux industries saisonnières

Le taux de chômage qui se situe actuellement à 6,9 % au Bas-Saint-Laurent n’est pas seulement synonyme de casse-tête pour les entreprises de la région à la recherche de main-d’œuvre, mais il est aussi une source de problème pour les employés des industries saisonnières qui devront faire face au trou noir avant la fin de l’hiver.

Pour le coordonnateur d’Action Chômage Kamouraska, M. Alain Lagacé, le taux de chômage n’a jamais été aussi bas en 20 ans dans la région. Bonne nouvelle, certains diront? Pas nécessairement. Pour les employés saisonniers du Bas-Saint-Laurent, ce bas taux de chômage est signe d’appauvrissement. Et comme Alain Lagacé nous l’explique, les raisons premières de cet appauvrissement sont les nouvelles règles de l’assurance-chômage instaurées par le précédent gouvernement conservateur en 2013. « Avant, le nombre de semaines incluses dans la période de calcul (plus petit diviseur) était toujours l’équivalent des 14 meilleures semaines. Aujourd’hui, ce nombre de semaines varie selon le taux de chômage de la région. »

Avant, le nombre de semaines incluses dans la période de calcul (plus petit diviseur) était toujours l’équivalent des 14 meilleures semaines. Aujourd’hui, ce nombre de semaines varie selon le taux de chômage de la région.

Avec un taux de chômage qui se situe à 6,9 % pour le Bas-Saint-Laurent, le plus petit diviseur de la région est maintenant à 21 semaines. Un travailleur saisonnier qui travaille donc 14 semaines pour un revenu total de 10 000 $ verra ce dernier divisé par 21 semaines, soit l’équivalent de 476 $. En multipliant ce chiffre par 55 % (taux de base servant au calcul de la prestation), le chômeur touchera finalement une somme de 261 $ par semaine. Si on refait le même exercice en divisant cette fois-ci par 14 semaines, on obtient alors 393 $, une différence de 132 $/semaine. « C’est une différence notable qui a non seulement un impact sur le portefeuille des chômeurs, mais qui nuit à l’activité économique régionale », d’expliquer Alain Lagacé.

Trou noir

Et c’est sans parler du trou noir auquel plusieurs travailleurs saisonniers feront face durant la saison hivernale, en raison du nombre trop faible de semaines travaillées. Avec un taux de chômage de 6,9 %, pour être en mesure de toucher de l’assurance-chômage durant un minimum de 15 semaines, on exige qu’un employé ait cumulé au moins 665 h de travail, soit l’équivalent de 19 semaines de travail de 35 h chacune. La réalité, c’est que la plupart des employés saisonniers travaillent entre 15 et 18 semaines. « Certains vont tomber dans le trou noir en février », d’ajouter Alain Lagacé.

C’est pourquoi son organisation fait actuellement pression au niveau politique pour que des ajustements soient apportés à la loi sur l’assurance-chômage. Il demande également qu’une aide d’urgence de 10 semaines soit apportée aux prestataires de la région pour qu’ils soient en mesure de faire face au trou noir qui les attend à la fin de l’hiver et au début du printemps. « Les règles actuelles pénalisent les industries saisonnières qui ont de la difficulté à recruter de la main-d’œuvre et incitent les jeunes à quitter la région pour aller travailler à temps plein dans des entreprises en ville, où les salaires sont plus alléchants. C’est pourquoi un retour à la situation d’avant 2013 est souhaitable pour notre région », de conclure M. Lagacé.