Différent par ses mesures dans Kamouraska et dans L’Islet, le petit déconfinement annoncé le 2 février par le gouvernement Legault provoque des réactions différentes, tout dépendant de quel côté de la frontière nous nous trouvons.
Dans L’Islet, le maire de Saint-Jean-Port-Joli et préfet suppléant de la MRC Normand Caron n’a pas mâché ses mots. S’il dit comprendre les situations de délestage vécues en Chaudière-Appalaches qui, selon le premier ministre, expliquent pourquoi certaines régions se retrouveront complètement en zone rouge plutôt qu’en orange, et cela, malgré le bilan enviable de certaines sous-régions, Normand Caron estime que L’Islet paye le prix cher une fois de plus.
« On a qu’un seul cas actif de COVID-19 (en date du 3 février) dans toute la MRC. Il y en avait cinq au Kamouraska, hier, et ils passent en orange le 8 février. On punit encore les premiers de classe », a-t-il déclaré.
Normand Caron mentionnait que des représentations ont été faites par sa MRC auprès des autorités gouvernementales et de la Santé publique afin de ramener L’Islet en zone orange, dans les heures qui ont précédé l’annonce du gouvernement. « Ils ont été clairs avec nous, des exceptions par sous-région, ils ne veulent plus en faire », déplore-t-il.
Les salles à manger des restaurants de L’Islet ne pourront pas rouvrir leurs portes non plus, contrairement à leurs homologues quelques kilomètres plus loin.
« Il est certain que nous aimerions être en opération. Par contre, la lucidité nous gagne très rapidement après les épreuves vécues ces derniers mois dans notre restaurant. La situation est encore fragile et nous préférons attendre encore un peu afin de ne pas revivre à nouveau un retour en arrière. Aussi, tant que le mot d’ordre du gouvernement sera de prioriser le travail, l’école et de rester à la maison, d’un point de vue financier, nous sommes mieux de demeurer fermé », a dit Violaine Thibault, copropriétaire de La Coureuse des Grèves de Saint-Jean-Port-Joli.
Commerces
À la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet, la directrice générale Nancy Dubé s’est réjoui de la réouverture des commerces à partir du 8 février, un soulagement pour plusieurs de ses membres. Elle déplore néanmoins le retour en zone rouge de la MRC de L’Islet, malgré le peu de cas actifs de la COVID-19 sur le territoire.
« Je dirais que c’est peut-être plus le moral des gens en général qui est affecté par cette décision. Certains restaurateurs m’ont confié préférer demeurer en zone rouge et de continuer à avoir accès aux aides financières gouvernementales plutôt que de rouvrir et de ne pas faire leurs frais parce que les clients ne seront pas ou peu au rendez-vous », ajoute-t-elle, en écho à Violaine Thibault.
Elle déplore néanmoins l’approche actuelle qui vient accentuer le sentiment d’injustice entre deux régions à l’ADN pourtant similaire et dont l’économie est intimement reliée.
Gyms et restos
Le propriétaire de la salle d’entraînement Le Gymnase de La Pocatière, David Pelletier, était très heureux d’apprendre qu’il pourrait rouvrir ses installations à sa clientèle dès le 8 février, grâce au passage du Bas-Saint-Laurent en zone orange. Fermé depuis le 17 décembre, il s’attendait à desserrement des mesures au printemps.
Plusieurs questions demeurent toutefois, à quelques jours de la réouverture. Il se demande entre autres si le couvre-feu de 5 h à 21 h 30 et les réductions de capacité demandées n’auront pas pour conséquence de créer un pic d’achalandage tôt le matin, ou en fin de journée, au point qu’il devra refuser des gens. « J’opère 24 h, moi, en temps normal », poursuit-il.
David Pelletier est tout de même confiant, il sera prêt pour la réouverture. Une certaine hâte se fait aussi sentir auprès de sa clientèle depuis l’annonce du 2 février, ce qui est annonciateur d’une bonne collaboration de leur part selon lui.
Au Resto-Pub St-Pascal, même son de cloche. Le retour des clients en salle est attendu.
« Nous sommes très contents de la réouverture des restaurants, pour nous c’est un grand soulagement. Nous allons rouvrir avec le même horaire et mous allons laisser en place les commandes pour emporter. Les employées sont aussi motivées à reprendre le travail », a dit la propriétaire Stéphanie Pelletier.
D’autre part, les élus du Bas-Saint-Laurent sont aussi satisfaits.
« C’est notre comportement exemplaire qui a permis cet assouplissement, rappelle Rénald Bernier, maire de Saint-Pascal et membre du comité exécutif de la Table des élus. Nous ne vivons pas sous une cloche de verre. Nous devons donc rester vigilants, dans un contexte où la pression accumulée sur le réseau de la santé et des services sociaux est encore très forte au Québec. Nous invitons les gens des zones chaudes à respecter l’interdiction de déplacements interrégionaux non essentiels et le gouvernement du Québec à surveiller de près la situation. »