Les petites industries rurales : la fabrique de cercueils

Roger Plante et André Gaudreau, CHGB, 1952, Archives de la Côte-du-Sud.

Avant de voir naître les premières manufactures de cercueils vers la fin du XIXe siècle, les familles confiaient à des menuisiers locaux la confection de ces caisses en bois que l’on appelait bières.

Yves Hébert

Sur la Côte-du-Sud, certains artisans réussissent à ajouter cette production dans leurs ateliers de portes et châssis puisque la demande est en croissance. En 1937, c’est le cas à Saint-Pascal de S.F. Landry. Utilisant le pin et l’épinette de la région, il produit cette année-là 55 cercueils, dont 15 pour enfants.

Une autre fabrique est mise sur pied à Saint-Jean-Port-Joli au début des années 1900, celle de Xavier Dubé. Aidé par son fils, il peut construire en une année 250 cercueils dont le prix varie de 7,50 $ à 22 $ selon les matériaux utilisés. Il vend alors sa production aux directeurs de pompes funèbres qui offrent de plus en plus leurs services dans le Bas-Saint-Laurent.

Durant les années 1920, à L’Islet-Station, le petit atelier de portes et châssis de Wilfrid Kirouac se transforme graduellement en une véritable industrie connue sous le nom de La Manufacture de cercueils enregistrée. Employant trois hommes, elle en produit 250 par année. Elle utilise près de 400 livres d’ornements et de poignées provenant de la fonderie Bélanger à Montmagny et près de 1000 verges de soieries. La production est destinée aux entrepreneurs de pompes de Québec et de Montréal.

D’autres artisans menuisiers exploitent également ce créneau dans la région. C’est le cas, dans les années 1930, d’Albert Cloutier à Saint-Aubert et de l’entrepreneur de pompes funèbres de L’Islet Jos Bélanger. Mais leur production est minime. La mise sur pied et la progression d’une importante fabrique de cercueils à Montmagny dans les années 1890 feront concurrence à ces entreprises. C’est pourquoi elles disparaîtront graduellement.