Représentant publicitaire pour Le Placoteux depuis 1984, Pierre Dumais prend sa retraite du milieu des médias écrits en ce début 2023. Le septuagénaire, à la forme physique d’un homme 20 ans plus jeune, quitte en emportant avec lui les souvenirs de près de 50 ans d’évolution dans le domaine des journaux régionaux sur la Côte-du-Sud.
Pierre Dumais s’est attablé au Café Bonté Divine de la 4e Avenue à La Pocatière, même s’il n’est pas friand de caféine. « Un jus d’orange, s’il vous plaît », a-t-il demandé à la barista, comme quoi ses bonnes habitudes de vie le suivent jusque dans les boissons qu’il ingurgite.
Ayant franchi le cap des 70 ans il y a à peine quelques années, Pierre Dumais a la santé que plusieurs souhaitent au même âge. « Je m’entraîne encore trois jours par semaine, au Cégep de La Pocatière, et j’ai l’intention de poursuivre. Je soulève encore les mêmes charges que lorsque j’avais 50 ans ! Les jeunes qui fréquentent la salle de sport n’en reviennent pas quand je leur dis mon âge », raconte-t-il.
Véritable sportif dans l’âme, Pierre Dumais n’est pas de ceux qui demeurent inactifs. Au cégep — il est de la première cohorte d’étudiants qui a ouvert le Cégep de La Pocatière en 1969 —, il jouait au football, en plus de faire de la lutte. « À cette époque-là, tu étais soit hippie ou sportif. Évidemment, j’étais dans la gang des sportifs », enchaîne-t-il.
La retraite de Pierre Dumais sera donc active, pour cela, il n’y a aucun doute. Habile de ses mains, la rénovation l’anime et ses trois filles ont souvent recours à son expertise, avoue-t-il. Il compte aussi se remettre à la confection de meubles, chose qui l’a passablement occupé dans le passé, alors qu’il a conçu la majorité de l’ameublement de sa maison actuelle. « J’ai encore tout l’outillage qu’il faut. Actuellement, je suis en train de travailler à une table de cuisine avec le bois d’un pommier vieux de 120 ans. »
Longue carrière publicitaire
En prenant sa retraite presque 50 ans après ses débuts comme représentant publicitaire, Pierre Dumais tourne la page sur une longue carrière dans pas moins de quatre médias écrits de la Côte-du-Sud, dont un seul, Le Placoteux, perdure aujourd’hui. « J’ai commencé à vendre de la publicité pour Le Peuple-Courrier de Montmagny durant les années 1970. C’était un hebdomadaire à abonnement payant, dont le tirage tournait autour de 1500 copies au Kamouraska », raconte-t-il.
Dès la fin de cette décennie, les hebdomadaires gratuits ont commencé à se multiplier et à devenir de sérieux compétiteurs aux hebdos payants. Pierre Dumais se souvient d’ailleurs d’une discussion particulièrement animée à ce sujet avec son employeur de l’époque. Avec l’ouverture du Kamouraska, basé à La Pocatière, et du Placoteux qui commençait à prendre de l’expansion autour de Saint-Pascal, le jeune représentant publicitaire était d’avis que la notice nécrologique des hebdos payants était déjà rédigée. L’avenir lui a donné raison.
« J’ai quitté Le Peuple-Courrier après quelques années et je suis allé travailler brièvement pour Le Kamouraska. Finalement, je me suis retrouvé représentant publicitaire pour le Trait D’union, un journal lancé dans la région par un entrepreneur beauceron. J’avais négocié une belle commission sur mes ventes avec le propriétaire, et je me souviens avoir vendu un cahier d’habitation particulièrement lucratif. Mais le journal n’a pas fait long feu, il y avait trop de publicités. Pour les lecteurs, ce n’était pas agréable à lire. »
Pierre a donc fini par joindre l’équipe du Placoteux en 1984, alors sous la gouverne de Raymond Frève. Le Carmelois d’origine, qui avait bâti un solide réseau de clients dans l’ouest du Kamouraska, L’Islet et Montmagny, avait pour mission de développer ce territoire pour l’hebdomadaire alors en expansion. « On y était allé par étape : L’Islet-Nord la première année, L’Islet-Sud ensuite. J’avais déjà la piqûre du domaine, mais ces années ont été extrêmement motivantes. En développant ce nouveau territoire, on a aussi augmenté le nombre de clients nationaux qui se sont mis à annoncer, ce qui a été très bon pour le journal. »
À la fin des années 1990, Pierre Dumais se souvient même d’une édition de Noël qui avait atteint le chiffre symbolique de 100 pages. « 75 % du journal devait être composé de publicités. C’était une autre époque. »
Selon lui, l’arrivée d’internet et des médias sociaux n’a pas tant fait la vie dure aux hebdos régionaux. Il attribue plutôt la légère baisse des revenus publicitaires des dernières années à la démographie — vieillissement de la population et exode des jeunes, ce qui a occasionné la fermeture de plusieurs commerces.
« Il y avait 22 concessions automobiles de voitures neuves dans Kamouraska-L’Islet quand j’ai commencé à vendre, il y a près de 50 ans. Il en reste que trois aujourd’hui, dont deux qui sont avec la même bannière, cite-t-il à titre d’exemple. Il y a encore des commerces qui ouvrent, mais ce n’est plus comme avant. »
De belles années
En paix avec l’idée de tirer sa révérence, Pierre Dumais reconnaît quitter Le Placoteux avec d’excellents souvenirs. Le contact avec les clients, surtout, va lui manquer. « Des entreprises comme Gagnon Meubles à Sainte-Perpétue, j’ai servi autant le grand-père et le père que le petit-fils ! Plusieurs entreprises comme celles-là, ce ne sont plus des clients, mais des amis », reconnaît-il.
Il s’attend d’ailleurs à conserver ses réflexes de vendeur en se présentant d’abord dans les commerces de ses clients. « C’est le genre d’habitude qui est difficile à défaire », conclut-il.